art urbain, Arts, Marcelle Ferron (1924-2001), Montréal, peinture, station de métro Champ de Mars, STM, urbanisme, vitrail

Marcelle F.

Marcelle

Dès l’enfance

Voyait

Monde

Environnement

Création

En couleurs vives

En taches lumineuses

Au diable, l’austérité

Sœur d’écrivains et de médecins

Elle fit son chemin

À Québec et à Paris

Borduas n’était pas loin

Par une voie audacieuse,

Elle choisit

La peinture abstraite

Mais surtout le vitrail

Matière concrète

Le verre qui aspire

Les couleurs qui appellent la clarté du jour

Des fulgurances qui resplendissent

En plein midi

Ou qui jouent le phare

Un soir

Où l’on s’était égarés

Entre la vieille vielle

De pierre grises

Et la cité

Composées de tours d’acier

Marcelle

Créait

La vie

Par pigments

Par formes

Sur toiles

Par segments

De verre

Tableaux en vitrail.

 

© Photos, texte, Denis Morin, 2020

Arts, écriture, Basses-Laurentides, Boisé Roger-Lemoine, Deux-Montagnes, nature, poésie

La concordance des temps

FeuillesetombreJuin2020

Toujours en décalage

Le poète se perd

Dans la concordance

Des temps et des saisons

Comme si cette mise à l’arrêt

À des fins administratives et sanitaires

L’avait mis selon toute vraisemblance

Hors-jeu

Hors de piste

Mais c’est justement là

L’enjeu,

Celle de plonger en soi

De transformer la pause en prose

De transmuter la paralysie

En envol créatif,

Écoute en boucle

Du piano de Jean-Michel Blais.

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2020

Arts, écriture, inspiration, poésie

Histoires en devenir

CharpieCrayon

Poudre anthracite

Le graphite s’effrite

La pointe s’affine

Sous la lame de l’aiguisoir

Et la torsion de la main

Vagues

Le bois se ratatine

Les fibres en charpies

Libèrent

Une fine ligne bleue

Mots retenus

Personnages

Actions

Émotions

Dans l’esprit de son auteur

Tout reste à être libéré

Papier

Désert

Désolation,

Puis lettres

Histoires en devenir…

 

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2020

Arts, Basses-Laurentides, Bibliothèque Guy-Bélisle, billet d'humeur perso, poésie, Saint-Eustache

Ces chaises

Sculpture-chaises

Les artistes

Auraient pu occuper

Ces chaises

Invitation ratée ou reportée

Les poètes

Auraient pu déclamer

Réclamer

Voix sur place publique

Les musiciens

Auraient pu jouer

Enjouer

Sortez violons, accordéons

Les comédiens

Auraient pu

Vous faire une scène

En cet espace enneigé

Le public

Se terre

Ignare

Dans les abris-bus.

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2020

Arts, écriture, billet d'humeur perso, Café littéraire de Toulèsarts, Deux-Montagnes, Montréal, poésie

Entre le pourquoi et le comment…

Encre

 

Dans sa tête c’est la tourmente

Le vent qui gonfle les voiles

La maison qui se transporte

Les poètes que l’on déporte

Ces nouvelles notions qu’il faut retenir

Au travail, nouvelle routine

Derrière soi, le spleen

Ces nouveaux visages qui s’apprivoisent

Les mots voyagent tout comme lui

Entre la marche, le train, le métro

Dans sa tête, ce sont les feuillus

Pris au dépourvu

Par l’hiver trop brusque,

Par la cadence soudaine

De la vie moderne

Tout défile, le futur tracé du REM et les paysages

Guère le temps de déguster un sauternes

Ce rythme intense se digère

S’ingère en écrivant des poèmes

Au fil des stations

Entre le dedans et le dehors

Entre le pourquoi et le comment.

 

© Encre tourmentée, texte, Denis Morin, 2020

 

 

 

 

Arts, Basses-Laurentides, Café littéraire de Toulèsarts, Manoir Globensky maintenant Musée des Patriotes / Maison de la culture, poésie, Vieux-Saint-Eustache

Me fondre dans le bleu…

Je veux

Me fondre

Dans le bleu

Sur table

Pour mettre

Cartes sur tables

Je veux

Toucher

Ce bleu

Dans les arbres

Me brûler

Les doigts

Me tacher

Les doigts

Métamorphoser

L’ordinaire

En extra

Saupoudrer

Du zeste de beauté

Sur les restes

Du quotidien entamé

Que l’encre

Soit mon sang

Que les courbes et lignes

Des lettres

Émergent

Que les pulsions destructrices

Soient

Pulsions créatrices

Je veux

Me fondre

Dans le bleu…

 

© Photos, texte, Denis Morin, 2019

 

Arts, Montréal, poème de métro, poésie, Station de métro Henri-Bourassa

Le verre ambré

VitrailAmbreHB

Les passagers entrent

Le pas pressé

En silence

Malgré les bousculades

Dans ce temple

De la modernité,

Lieu de vie

Et mode de transport

Les passagers sont fatigués

Et la journée au travail

N’est même pas commencée

Ça promet

Au prochain arrêt

Remarquez à la sortie

Une sculpture

En bronze

Ou en verrière colorée

Justement,

Voyez ici ce verre ambré,

Touche chaleureuse

Dans ce lieu emprunté

Par les passagers anonymes

Contre la paroi

Au-dessus des rails

Balayage du regard

Des passagers blasés.

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2019

 

Arts, Bach, François Girard, cinéaste, Glenn Gould (1932-1982), piano, poésie biographique, solitude

Tout simplement Glenn Gould

Glenn-Gould_Off-the_Record_LG_2

Je vivais avec un pianiste

Qui ne cessait de me vanter

Le génie de Glenn Gould

Il me parlait sans cesse

De ses splendides interprétations

 

Étant archiviste

J’ai glané un film concernant

Glenn Gould sur le site de l’ONF,

Vaste nef

Du patrimoine et de la culture

Un film documentaire

S’avère nécessaire,

Pertinent

Autant pour les curieux

Que pour les étudiants

En histoire

Et au conservatoire,

Les journalistes

Et les chercheurs

Intéressés par le cinéma d’Anne-Claire Poirier,

L’humour de Clémence Desrochers

Et d’Yvon Deschamps,

Sans oublier l’émouvante Pauline Julien

 

Revenons à notre sujet :

Glenn Gould

Issu d’un village

Sur le rivage

D’un lac de l’Ontario, le lac Simcoe

Les vagues lèchent presque

Le parterre

La maison de son père

Qui lui achète le piano

Sur lequel il s’exerce au salon

Au sortir de l’enfance

Dans sa tête

Le clapotis des eaux en été

Et des vagues de notes

À son oreille

Au bout de ses doigts

Il faut pratiquer

Des heures entières

Rituel

Concentration

Gestuelle

Précision des mains

Ballet des doigts

À la recherche des touches,

Ruissellement des sons

Au salon

La mère qui se tait

À la cuisine

Ravie du talent de son fils

Et le père qui revient

Du travail

Étonné du talent de fiston,

Prodigieux solitaire

Au bord du lac Simcoe

Il devra voyager le fils

Se fera connaître

De par le monde

Partageant son amour

Des œuvres de Jean-Sébastien Bach

Qu’il parcourt du regard,

Qu’il lit, fredonne,

Donne en mimiques

Avant de s’exécuter au piano

On lui connaît peu d’amis,

Sinon ses gérants

Pourtant, ce grand perfectionniste

Possède un sens de l’humour

Et le sens de la réplique

Son meilleur confident

Sera son chien

Un border collie

Glenn Gould

Porte des gants

Et un foulard

Et une casquette

Se protégeant

Surtout les mains,

Obsédé aussi des germes

Il présentera à la radio

De Radio-Canada

Une série d’émissions sur les grands espaces

Du Grand Nord,

Sur l’immensité,

La blancheur

Il avait besoin de solitude,

D’air et de temps

Pour transmuer le silence

En musique

Pour transformer la nuit

En éclatante lumière,

Musicalité indéniable

Au bout des doigts

En studio à New York

Ou dans son chalet,

Étrange ballet

De ses longues mains

Occupant la scène

Qu’est son clavier

Au salon du chalet

 

Il existe aussi le très beau film

De François Girard

32 films brefs sur Glenn Gould

C’est aussi à voir,

À découvrir

À ressentir

Comme des soupirs

Entre les notes du pianiste.

 

© Photo, ONF

© Texte, Denis Morin, 2019

Arts, écriture, David Hébert, littérature, Lorraine Lapointe, peinture, poésie

Écriture, il, elle

Il écrivait

Des romans de cape et d’épée

Les mousquetaires

Se battaient

Défendaient

Réparaient l’outrage

 

Elle écrivait

Des romans

À l’eau de rose

Derrière sa tasse

De thé parfumé

Sa devise, la nostalgie

 

Il écrit

Maintenant

Des poèmes,

Des histoires

Sans trop savoir

Où il ira

 

Elle écrit

Depuis hier

Une longue lettre

Débutée par une enluminure

Créée spécialement

Par son fils, le peintre

 

Il écrira

Demain

C’est ce qu’on peut lui souhaiter

Puisse-t-il

Cesser

De douter

 

Elle écrira

Un journal intime

Elle établira sa correspondance

Sa vie étant une saga

Puisse-t-elle

Continuer

Par les mots à s’envoler.

 

© Texte, Denis Morin, 2019