Montréal, poésie, rue Sainte-Catherine Ouest, urbanisme

Castle Building avec vue sur la ville

Castle Building

Il n’a

Ni l’allure d’un hôtel

Quatre étoiles

Ni celle d’un château

Surplombant une forteresse

Et entouré de douves

Au passé, les ponts-levis

L’immeuble en briques brunes

Aurait passé pour une ancienne

Manufacture ou ruche à comptables

Alignés derrière leurs bureaux

Imaginons derrière

La paroi anonyme ou presque

Un restaurant végétarien

Une bibliothèque

Une salle de cinéma

Pour diffusion de documentaires

Ou de lectures publiques de poésie

Avec vue sur la ville.

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2020

art urbain, Arts, Marcelle Ferron (1924-2001), Montréal, peinture, station de métro Champ de Mars, STM, urbanisme, vitrail

Marcelle F.

Marcelle

Dès l’enfance

Voyait

Monde

Environnement

Création

En couleurs vives

En taches lumineuses

Au diable, l’austérité

Sœur d’écrivains et de médecins

Elle fit son chemin

À Québec et à Paris

Borduas n’était pas loin

Par une voie audacieuse,

Elle choisit

La peinture abstraite

Mais surtout le vitrail

Matière concrète

Le verre qui aspire

Les couleurs qui appellent la clarté du jour

Des fulgurances qui resplendissent

En plein midi

Ou qui jouent le phare

Un soir

Où l’on s’était égarés

Entre la vieille vielle

De pierre grises

Et la cité

Composées de tours d’acier

Marcelle

Créait

La vie

Par pigments

Par formes

Sur toiles

Par segments

De verre

Tableaux en vitrail.

 

© Photos, texte, Denis Morin, 2020

amour, Montréal, Plateau Mont-Royal, poésie, urbanisme

Éclipse

Main de lune

Main qui tend

La lune

Main qui la reçoit

L’éclipse

Intentions dans ce partage

Ongles ayant gratté

Le sol terreux

Le ciel assombri

Qui soumet

Qui domine

Aucun jeu de pouvoir

En fait

Dans les gestes tendres

Les lignes

De vie et de cœur

Se mirent

Dans les paumes

Qui s’aimantent

Tout en maintenant

Une distance

Appropriée

Mais l’amour

Accepte-t-il

Cette distanciation

Ce retrait

Cet attrait

De l’absence/présence…

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2020

écriture, Montréal, poésie, rue Saint-Antoine Ouest et rue Bleury, solitude, urbanisme

Prière de ne pas déranger

Flou-rueBleury

De jour comme de nuit

La ville apparaît

Si tranquille

De si haut

On croit entendre

Le vent

Au travers des branches

Rideaux tirés

La plupart du temps

Pour estomper le vertige

Pour gommer

L’appel du vide

Vaux mieux s’asseoir

Que de rester debout

L’eau froide rafraîchit

Les idées

Calme les émotions

Il y a

Tant à faire

Tant à écrire

Tant à dire

Chaque envolée lyrique

Chaque décollage poétique

Me rapproche du ciel

Me rapproche du cœur

À la porte de la chambre

Prière de ne pas déranger.

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2020

 

écriture, Montréal, poésie, Roman, rue Saint-Antoine Ouest et rue Bleury, urbanisme

Un écrivain sur la ville

Poètesurlaville

Hier, je jouais

Au jeu

De l’écrivain sur la ville

Isolé dans une chambre

À transcrire

Des mots

De manuscrit à tapuscrit

Hier, je contemplais

La cité et ses vertiges

Les buildings, les voitures,

Le verre allumé

Devant moi

Et en contrebas

Et moi derrière une glace

Pris entre le silence

Et un besoin de plonger

En écriture

Dans mon cahier

Si plein de ratures

Hier, je jouais

Au jeu

Du poète rêveur sur la ville

Ivre de liberté

Il faisait nuit

Qu’importe les pages

À transcrire

Je finirai bien

Par arriver au port.

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2020

 

 

centre-ville près de la station de métro Guy-Concordia, Montréal, Poème de train, poésie, poésie de train, urbanisme

La belle Victorienne

Maisonverte2

La belle Victorienne

A perdu ses jardins

Son écrin végétal

Héritage architectural

Anglo-irlandais

Elle a mis

Sa robe

D’un vert de gris

Elle tranche

Tel un livre d’époque

Dans une bibliothèque branchée

Beauté

Faisant pignon sur rue

Mystère suranné

Nous passons

Pour les immeubles bétonnés.

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2020

environnement, nature, Poème de train, poésie, urbanisme

Toutes nos dérives…

Baleine

Baleine échouée

Sur macadam

De centre-ville

Ou béluga au foie

Saturé

Bleu pétrole

Les passants

Ne remarquent plus

Repoussent le cétacé

De la pointe du pied

Déchet industriel

Matériel intéressant

Aux yeux du recycleur

Un sculpteur

Pourrait l’intégrer

Dans une installation

Dénonciation

Baleine échouée

Ou béluga intoxiqué

Par toutes nos dérives.

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2020

 

centre-ville près de la station de métro Guy-Concordia, Montréal, poésie, urbanisme

Lierre et scarabée

Le lierre

Grimpe sur le minéral

Il en oublie

L’hiver et ses galères

Le lierre

S’agrippe

À l’orée des panneaux

De verre

Vigne urbaine

Parfois

L’émerveillement

Des passants

Chargés de leurs soucis

De leurs regrets

Est au rendez-vous

Je suis l’un d’eux

Mais il m’arrive

Même dénicher

Les antennes

D’un scarabée

Sur un toit.

 

© Photos, texte, Denis Morin, 2019

 

chanson française, inspiration, Piaf, poésie, transport, urbanisme, vie quotidienne

Le bal musette

AvionExo

Que l’on habite

Une banlieue

L’un de ces lieux

Dont on part

Et où on revient

Par RER

Métro

Bus

On rêve toujours

D’ailleurs

Il nous faut partir

Vers le point B d’une carte

Pour comprendre

Pour entendre

La voix de sa mère

Dire qu’on est bien ici

N’excluons pas

Le facteur et ses cartes postales

Plus sympa tout de même

Que des factures papier

Ou en version électronique

N’excluons pas

La rêverie

Qui gomme

Le temps d’une rose

Les conneries

Les coups bas

La trahison

Oui, chante-moi une chanson

Du style

Padam, padam, padam

Pour que mes yeux

Quittent le macadam

Pour transformer la routine

En bal musette.

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2019

billet d'humeur perso, Laval, Montréal, poème de métro, poésie, rythme de vie, urbanisme

La saveur du mois

Lignes rouge et verte

Nos vies défilent

À une vitesse vertigineuse

En Occident

Clics de souris

Claquement de doigts

On se catapulte

Soi-même

Du matin au soir

Lignes de vie

Fuyantes,

Fulgurantes,

Moches,

Éphémères,

Flamboyantes,

Douces-amères,

Sinueuses,

Tordues,

Lisses,

Un jet de shampoing

Sur un panneau-réclame

En fait, qui nous acclame

Quand nous ne sommes plus

La saveur du mois.

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2019