Les gens qui n’écrivent pas ne conçoivent ni ne comprennent qu’il faut du temps et du silence aux artistes pour créer du beau, célébrer le temps qu’il faut et pour métamorphoser l’ordinaire, le moche en quelque chose de grandiose et de fabuleux.
Le poème s’écrit généralement sur une lancée, un souffle, un jeu de mots saisi dans l’air comme on saisit un insecte en vol. Un mot en appelle un autre, tout comme les images se mettent à défiler comme un film devant nos yeux.
Sur un autre registre, le roman exige un travail assidu et davantage de souffle que l’on écrive avec ou sans plan. Je brosse un plan sommaire, mais je laisse les personnages me mener par le bout du nez. Si le poète se fait musicien et chef d’orchestre, le romancier dans mon cas suit ses personnages à la trace comme un loup ou un chien de chasse. Libérez-moi du temps et je saurai vous le rendre en une enfilade de mots pour vous faire rêver.
De plus, mes collègues vous diront qu’ils ont besoin de temps pour répéter une oeuvre musicale, la chanter, la danser ou bien pour peindre un paysage et transposer en couleurs des humeurs.
Par sécurité et conformisme, les gens apprécient les créateurs décédés en chansons, du cinéma, en peinture. Néanmoins, je les invite à encourager les artistes de leur temps. Respectez-les, même si vous ne saisissez pas toujours leur démarche.
Bonne lecture. Bonne visite à la galerie d’art ou bonne découverte du street art de votre quartier. Bonne écoute de la musique actuelle. Soyez curieux et vous rendrez des artistes heureux.
© Texte, Denis Morin, 2019