© Photos, Denis Morin, 2020
Catégorie : piano
Ligne après ligne
Il y a
En ce jour confiné
Des personnages
En dialogues,
Des ambiances à décrire
Dans un roman à écrire
Il y a
La fluidité des notes
Qui courent sur un clavier
Piano
Une musique intérieure
Aussi à écouter
Il y a
Le silence tout autour
Et les oiseaux dans ma cour
J’écris
Assis
À la cuisine
Je regarde dehors
Mes personnages me ramènent
Ligne après ligne
À leur destinée
Que je dois révéler
Ligne après ligne.
© Photo, texte, Denis Morin, 2020
Les envolées
Apesanteur
Légèreté
Fluidité
Les mains du/de la pianiste
Chopin marche dans Paris
Bach s’élève méditatif
Satie s’écoule, une eau de pluie
Des heures et des heures
À scruter
Les nuances
À ralentir
À accélérer le tempo
Que voulait (dire) le compositeur
Des ombres et des éclaircies
Des envolées
Presque mystiques
Pratiquer dans la solitude
Puis partager cette expertise
Cette sensibilité du bout des doigts
Au public
Et aux absents
Instrument accordé
Avant et après le concert
Se vêtir de noir
Absorber le silence ambiant
Et le transformer en musique.
© Texte, Denis Morin, 2019
Tout simplement Glenn Gould
Je vivais avec un pianiste
Qui ne cessait de me vanter
Le génie de Glenn Gould
Il me parlait sans cesse
De ses splendides interprétations
Étant archiviste
J’ai glané un film concernant
Glenn Gould sur le site de l’ONF,
Vaste nef
Du patrimoine et de la culture
Un film documentaire
S’avère nécessaire,
Pertinent
Autant pour les curieux
Que pour les étudiants
En histoire
Et au conservatoire,
Les journalistes
Et les chercheurs
Intéressés par le cinéma d’Anne-Claire Poirier,
L’humour de Clémence Desrochers
Et d’Yvon Deschamps,
Sans oublier l’émouvante Pauline Julien
Revenons à notre sujet :
Glenn Gould
Issu d’un village
Sur le rivage
D’un lac de l’Ontario, le lac Simcoe
Les vagues lèchent presque
Le parterre
La maison de son père
Qui lui achète le piano
Sur lequel il s’exerce au salon
Au sortir de l’enfance
Dans sa tête
Le clapotis des eaux en été
Et des vagues de notes
À son oreille
Au bout de ses doigts
Il faut pratiquer
Des heures entières
Rituel
Concentration
Gestuelle
Précision des mains
Ballet des doigts
À la recherche des touches,
Ruissellement des sons
Au salon
La mère qui se tait
À la cuisine
Ravie du talent de son fils
Et le père qui revient
Du travail
Étonné du talent de fiston,
Prodigieux solitaire
Au bord du lac Simcoe
Il devra voyager le fils
Se fera connaître
De par le monde
Partageant son amour
Des œuvres de Jean-Sébastien Bach
Qu’il parcourt du regard,
Qu’il lit, fredonne,
Donne en mimiques
Avant de s’exécuter au piano
On lui connaît peu d’amis,
Sinon ses gérants
Pourtant, ce grand perfectionniste
Possède un sens de l’humour
Et le sens de la réplique
Son meilleur confident
Sera son chien
Un border collie
Glenn Gould
Porte des gants
Et un foulard
Et une casquette
Se protégeant
Surtout les mains,
Obsédé aussi des germes
Il présentera à la radio
De Radio-Canada
Une série d’émissions sur les grands espaces
Du Grand Nord,
Sur l’immensité,
La blancheur
Il avait besoin de solitude,
D’air et de temps
Pour transmuer le silence
En musique
Pour transformer la nuit
En éclatante lumière,
Musicalité indéniable
Au bout des doigts
En studio à New York
Ou dans son chalet,
Étrange ballet
De ses longues mains
Occupant la scène
Qu’est son clavier
Au salon du chalet
Il existe aussi le très beau film
De François Girard
32 films brefs sur Glenn Gould
C’est aussi à voir,
À découvrir
À ressentir
Comme des soupirs
Entre les notes du pianiste.
© Photo, ONF
© Texte, Denis Morin, 2019
Aujourd’hui
Aujourd’hui
Je suis ici et là
Avec mes doutes
Avec mes dettes
Comme seule certitude
Être présent
Vivant
Vibrant
Au monde,
À l’environnement
J’ai appris à me détourner
Des emmerdeurs
J’ai compris qu’il faut
Me retourner
Sur les splendeurs du quotidien
Mes peurs,
Je les gère
Par les réflexions,
Parfois des prières
Mais surtout,
En gardant le cœur confiant,
Les pieds ancrés au sol
Respirant
À pleins poumons
Ces moments
Qui s’écoulent,
Mélodies,
Envolées de notes
Je me souviens de tes mains
Sur le piano.
© Texte, Denis Morin, 2019