actualités, billet d'humeur perso, Covid-19, Gare centrale, Montréal, poésie, printemps, station de métro Bonaventure, Train Exo 6 Montréal-Deux-Montagnes, transport

Vingt secondes…

 

Le train était vide

Mais ma tête trop pleine

De soucis

Artificiels ou vrais

Qui sait

Deux outardes

Deux colverts

Sur la rive

Dans les wagons

Aucune âme qui vive

Sauf l’esseulé

Le grand dadais

Une fois parvenu

Gare centrale

Quelques clodos

Un vendeur de café

De thés aromatisés

Un agent de sécurité

Qui surveillait

Quoi et qui au juste

Puis corridor

Je m’endors

Il pleut

Lumière bleue

Dehors

Direction métro

Quelques clodos

À qui j’offre

L’ivresse

De l’orangé de mes clémentines

Puis je monte

En surface

Il pleut

Semelle fendillée

Pied gauche mouillé

Prévisible comme ce printemps frisquet

Je me répète semelle fendillée

Non, ce n’est jamais

Mes lèvres qui le sont

Jusqu’aux oreilles

Le sort de l’humanité

Me pèse

Trop

Pour me donner aux facéties

De l’humour

Car trop d’amour

Me font courber les épaules

D’ailleurs, pour celles des autres

Si rares sont-ils

Elles circulent à deux mètres

Consigne réglementaire

Dans la ville

Je vais fébrile

D’arriver à destination

Vite le savon

Les vingt secondes

Je les compte

Avant le café

Et un brin de comptabilité

 

Vingt, dix-neuf, dix-huit

Dix-sept, seize

Quinze, quatorze

Treize

Douze, onze

Dix, neuf

Huit, sept

Six, cinq

Quatre, trois

Deux, un

Zéro.

 

© Photos, texte, Denis Morin, 2020

hiver, Laval, nature, poésie, rivière des Milles Îles, Train Exo 6 Montréal-Deux-Montagnes, transport

Le coyote

Arbre et pont

Défilement

Déchirement de l’onde

L’arbre projette-t-il

Une ombre

Griserie ferroviaire

Grisaille

En contrebas de l’image

Des ouvriers tiennent cisaille

Ou un marteau-piqueur

Qui gomme la musique

Pic-bois en chômage

Souhaitons que les colverts

Échapperont un instant

À la dent

Du renard fauve

Tiens, les ouvriers

Portent des bottes

De la même livrée

Que le coyote

Aperçu

De l’autre côté de la rive.

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2020

poème de métro, station de métro Cartier, transport

L’azur…

Métro Cartier

L’azur soulève

Nos pieds argileux et fangeux

Par ces matins frileux

Où l’on ne voudrait quitter

Le monde douillet des rêves

L’azur nous transporte

Nous amène

En des destinations

Jusqu’à présent inconnues

Sortir de nos zones de confort,

C’est le lot des audacieux

Et des êtres généreux

Qui ne veulent crever

Sous l’ennui.

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2020

 

 

chanson française, inspiration, Piaf, poésie, transport, urbanisme, vie quotidienne

Le bal musette

AvionExo

Que l’on habite

Une banlieue

L’un de ces lieux

Dont on part

Et où on revient

Par RER

Métro

Bus

On rêve toujours

D’ailleurs

Il nous faut partir

Vers le point B d’une carte

Pour comprendre

Pour entendre

La voix de sa mère

Dire qu’on est bien ici

N’excluons pas

Le facteur et ses cartes postales

Plus sympa tout de même

Que des factures papier

Ou en version électronique

N’excluons pas

La rêverie

Qui gomme

Le temps d’une rose

Les conneries

Les coups bas

La trahison

Oui, chante-moi une chanson

Du style

Padam, padam, padam

Pour que mes yeux

Quittent le macadam

Pour transformer la routine

En bal musette.

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2019