L’artiste vit son parcours
Il inspire l’affection,
La haine ou l’indifférence
Il est ce qu’il est
Il crée, parfois il fait la récréation
Pour le peuple
Ou il éveille les consciences
Après son trépas
Le notaire et les ayants droit entrent dans la danse
Question de blé et de fiscalité
Formalités, vous dirais-je
L’artiste vit ses beaux jours
Il écrit, crée, crie, décrit
Peint, danse, filme, pianote, chante,
Tournoie sur lui-même
Et dans son mouvement giratoire,
Veut toucher l’autre
Il est capté par le désespoir
La planète tel un navire qui coule
Il doit penser à émouvoir
Si l’ombre d’un journaliste lui tend un micro
Puis à se vendre
Sur les réseaux sociaux,
Promotion oblige
L’artiste s’époumone
À chercher la lumière du projecteur
Sur soi
Souvent, ça ne vient pas
Les lampes sont éteintes
Les regards sont détournés
Et l’artiste s’en retourne
À son silence,
À sa tanière
Circulez, circulez, les citoyens
Y a rien à voir
L’artiste sait qu’il vivra
À titre posthume
Émotion dans la voix
Non, je n’ai pas le rhume
Par ses œuvres
Par l’amour ou son contraire
Qu’on lui vouait
S’il est né sous une bonne étoile
Son nom sera dans le Robert
On aura des pistes de recherche
Aux archives nationales
Ou dans une vieille malle familiale.
Quant à moi,
Je lirai ma poésie
J’animerai des ateliers
Et j’écrirai des billets tel celui-ci
Comme autant de bouteilles…
Un homme à la mer !
© texte, Denis Morin, 2018