Marcelle F.

Marcelle

Dès l’enfance

Voyait

Monde

Environnement

Création

En couleurs vives

En taches lumineuses

Au diable, l’austérité

Sœur d’écrivains et de médecins

Elle fit son chemin

À Québec et à Paris

Borduas n’était pas loin

Par une voie audacieuse,

Elle choisit

La peinture abstraite

Mais surtout le vitrail

Matière concrète

Le verre qui aspire

Les couleurs qui appellent la clarté du jour

Des fulgurances qui resplendissent

En plein midi

Ou qui jouent le phare

Un soir

Où l’on s’était égarés

Entre la vieille vielle

De pierre grises

Et la cité

Composées de tours d’acier

Marcelle

Créait

La vie

Par pigments

Par formes

Sur toiles

Par segments

De verre

Tableaux en vitrail.

 

© Photos, texte, Denis Morin, 2020

La concordance des temps

FeuillesetombreJuin2020

Toujours en décalage

Le poète se perd

Dans la concordance

Des temps et des saisons

Comme si cette mise à l’arrêt

À des fins administratives et sanitaires

L’avait mis selon toute vraisemblance

Hors-jeu

Hors de piste

Mais c’est justement là

L’enjeu,

Celle de plonger en soi

De transformer la pause en prose

De transmuter la paralysie

En envol créatif,

Écoute en boucle

Du piano de Jean-Michel Blais.

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2020

Histoires en devenir

CharpieCrayon

Poudre anthracite

Le graphite s’effrite

La pointe s’affine

Sous la lame de l’aiguisoir

Et la torsion de la main

Vagues

Le bois se ratatine

Les fibres en charpies

Libèrent

Une fine ligne bleue

Mots retenus

Personnages

Actions

Émotions

Dans l’esprit de son auteur

Tout reste à être libéré

Papier

Désert

Désolation,

Puis lettres

Histoires en devenir…

 

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2020

Ces chaises

Sculpture-chaises

Les artistes

Auraient pu occuper

Ces chaises

Invitation ratée ou reportée

Les poètes

Auraient pu déclamer

Réclamer

Voix sur place publique

Les musiciens

Auraient pu jouer

Enjouer

Sortez violons, accordéons

Les comédiens

Auraient pu

Vous faire une scène

En cet espace enneigé

Le public

Se terre

Ignare

Dans les abris-bus.

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2020

Entre le pourquoi et le comment…

Encre

 

Dans sa tête c’est la tourmente

Le vent qui gonfle les voiles

La maison qui se transporte

Les poètes que l’on déporte

Ces nouvelles notions qu’il faut retenir

Au travail, nouvelle routine

Derrière soi, le spleen

Ces nouveaux visages qui s’apprivoisent

Les mots voyagent tout comme lui

Entre la marche, le train, le métro

Dans sa tête, ce sont les feuillus

Pris au dépourvu

Par l’hiver trop brusque,

Par la cadence soudaine

De la vie moderne

Tout défile, le futur tracé du REM et les paysages

Guère le temps de déguster un sauternes

Ce rythme intense se digère

S’ingère en écrivant des poèmes

Au fil des stations

Entre le dedans et le dehors

Entre le pourquoi et le comment.

 

© Encre tourmentée, texte, Denis Morin, 2020

 

 

 

 

Me fondre dans le bleu…

Je veux

Me fondre

Dans le bleu

Sur table

Pour mettre

Cartes sur tables

Je veux

Toucher

Ce bleu

Dans les arbres

Me brûler

Les doigts

Me tacher

Les doigts

Métamorphoser

L’ordinaire

En extra

Saupoudrer

Du zeste de beauté

Sur les restes

Du quotidien entamé

Que l’encre

Soit mon sang

Que les courbes et lignes

Des lettres

Émergent

Que les pulsions destructrices

Soient

Pulsions créatrices

Je veux

Me fondre

Dans le bleu…

 

© Photos, texte, Denis Morin, 2019

 

Le verre ambré

VitrailAmbreHB

Les passagers entrent

Le pas pressé

En silence

Malgré les bousculades

Dans ce temple

De la modernité,

Lieu de vie

Et mode de transport

Les passagers sont fatigués

Et la journée au travail

N’est même pas commencée

Ça promet

Au prochain arrêt

Remarquez à la sortie

Une sculpture

En bronze

Ou en verrière colorée

Justement,

Voyez ici ce verre ambré,

Touche chaleureuse

Dans ce lieu emprunté

Par les passagers anonymes

Contre la paroi

Au-dessus des rails

Balayage du regard

Des passagers blasés.

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2019

 

Tout simplement Glenn Gould

Glenn-Gould_Off-the_Record_LG_2

Je vivais avec un pianiste

Qui ne cessait de me vanter

Le génie de Glenn Gould

Il me parlait sans cesse

De ses splendides interprétations

 

Étant archiviste

J’ai glané un film concernant

Glenn Gould sur le site de l’ONF,

Vaste nef

Du patrimoine et de la culture

Un film documentaire

S’avère nécessaire,

Pertinent

Autant pour les curieux

Que pour les étudiants

En histoire

Et au conservatoire,

Les journalistes

Et les chercheurs

Intéressés par le cinéma d’Anne-Claire Poirier,

L’humour de Clémence Desrochers

Et d’Yvon Deschamps,

Sans oublier l’émouvante Pauline Julien

 

Revenons à notre sujet :

Glenn Gould

Issu d’un village

Sur le rivage

D’un lac de l’Ontario, le lac Simcoe

Les vagues lèchent presque

Le parterre

La maison de son père

Qui lui achète le piano

Sur lequel il s’exerce au salon

Au sortir de l’enfance

Dans sa tête

Le clapotis des eaux en été

Et des vagues de notes

À son oreille

Au bout de ses doigts

Il faut pratiquer

Des heures entières

Rituel

Concentration

Gestuelle

Précision des mains

Ballet des doigts

À la recherche des touches,

Ruissellement des sons

Au salon

La mère qui se tait

À la cuisine

Ravie du talent de son fils

Et le père qui revient

Du travail

Étonné du talent de fiston,

Prodigieux solitaire

Au bord du lac Simcoe

Il devra voyager le fils

Se fera connaître

De par le monde

Partageant son amour

Des œuvres de Jean-Sébastien Bach

Qu’il parcourt du regard,

Qu’il lit, fredonne,

Donne en mimiques

Avant de s’exécuter au piano

On lui connaît peu d’amis,

Sinon ses gérants

Pourtant, ce grand perfectionniste

Possède un sens de l’humour

Et le sens de la réplique

Son meilleur confident

Sera son chien

Un border collie

Glenn Gould

Porte des gants

Et un foulard

Et une casquette

Se protégeant

Surtout les mains,

Obsédé aussi des germes

Il présentera à la radio

De Radio-Canada

Une série d’émissions sur les grands espaces

Du Grand Nord,

Sur l’immensité,

La blancheur

Il avait besoin de solitude,

D’air et de temps

Pour transmuer le silence

En musique

Pour transformer la nuit

En éclatante lumière,

Musicalité indéniable

Au bout des doigts

En studio à New York

Ou dans son chalet,

Étrange ballet

De ses longues mains

Occupant la scène

Qu’est son clavier

Au salon du chalet

 

Il existe aussi le très beau film

De François Girard

32 films brefs sur Glenn Gould

C’est aussi à voir,

À découvrir

À ressentir

Comme des soupirs

Entre les notes du pianiste.

 

© Photo, ONF

© Texte, Denis Morin, 2019

Écriture, il, elle

Il écrivait

Des romans de cape et d’épée

Les mousquetaires

Se battaient

Défendaient

Réparaient l’outrage

 

Elle écrivait

Des romans

À l’eau de rose

Derrière sa tasse

De thé parfumé

Sa devise, la nostalgie

 

Il écrit

Maintenant

Des poèmes,

Des histoires

Sans trop savoir

Où il ira

 

Elle écrit

Depuis hier

Une longue lettre

Débutée par une enluminure

Créée spécialement

Par son fils, le peintre

 

Il écrira

Demain

C’est ce qu’on peut lui souhaiter

Puisse-t-il

Cesser

De douter

 

Elle écrira

Un journal intime

Elle établira sa correspondance

Sa vie étant une saga

Puisse-t-elle

Continuer

Par les mots à s’envoler.

 

© Texte, Denis Morin, 2019

 

 

Toujours dit, toujours écrit

Quand ce soleil,

Ce ciel,

Ces nuages,

Cette plage,

Cette mer,

Ces montagnes

Ne seront plus

Je serai de l’autre côté,

Au verso

Des photos

En noir et blanc

Qui s’oxydent

À l’air ambiant,

Couvertes de poussières

 

Quand ta voix

Quand tes cris

Quand tes pleurs

Et tes rires,

Tes supplications,

Tes injures,

Tes murmures,

Ne me rejoindront plus

Je (me) serai

Égaré dans ta pensée

J’aurai laissé une trace

Virtuelle

Ou réelle

Dans une quelconque bibliothèque

Du Québec

Et de France

Je suis d’ici et d’ailleurs

Tu me l’as toujours dit,

Toujours écrit.

 

© Texte, Denis Morin, 2019

 

Vidéo lecture  »Dans l’ombre de Félix et Piaf »

Vidéo de la lecture  »Dans l’ombre de Félix et Piaf », du vendredi, le 13 septembre 2019, à la Maison des écrivains et des écrivaines du Québec / UNEQ
conception vidéo : Lorraine Lapointe
photos : Joseph McNamara
musique baroque, Vivaldi…

Enseigne et ecstasy

Archambault

L’immeuble art déco

A connu ses heures de gloire

On y achetait des partitions

Pour piano classique

Mais aussi des guitares électriques

Les 33-tours en vinyle

Ont laissé place

Aux disques compacts

À l’heure des réseaux sociaux

On écoute des extraits

Au magasin avec un casque

On se dandine

On rêve

On s’évade

Prière de ne pas déranger

Chacun dans sa bulle

L’enseigne délogée

A été de nouveau hissée

On ne peut pas toujours

Reléguer aux oubliettes

Le patrimoine

Vaut plus qu’un rave

Et le mirage de l’ecstasy.

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2019

 

 

Nature morte

Branche

Nature morte

Branche à la sève vive

Arrachée à un tronc

La nature morte

Consiste normalement

En un plateau de fruits

Et / ou d’un animal chassé,

Le tout saisi

Par l’œil du peintre

Mais dans ce cas-ci

La nature morte

Réside

En la main du con

Qui a détruit

Ce fragment de vie

Sur le point de se dessécher.

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2019

Trop, jamais assez, encore

SomeReading

Il y a toujours trop de livres, dit-on,

Pour les rêveurs

Les intellos

Les dissidents

Les artistes

 

Il n’y a jamais assez

De poèmes

De déclarations ferventes

D’appels aux réconciliations

Sur les tombes aux chrysanthèmes

 

On souhaite encore

De nouveaux Norman Bethune

De nouvelles Marie Curie

D’effervescents Guillaume Depardieu

D’effervescentes Betty Davis

 

Il y a toujours trop de livres

Il n’y a jamais assez de poèmes

On souhaite encore…

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2019

 

Autoportrait en clair-obscur

Le poète est comme un chocolat

Il peut contenir

Des traces de noix

Il fait gaffe

Au manque d’air(e)

Contrairement à la rumeur,

Le poète ne joue pas d’attitudes

Il n’est pas dans l’ego

Soyez rassuré.e

Le poète est un soda

Parfois en bulles

Tantôt à plat,

Eau plate et dormante

Il sourit peu

Il rit encore moins

Les nouvelles télévisées

Rendent les humoristes de sinistres bouffons

Les causes sociales l’émeuvent

Les artistes le fascinent

Depuis l’enfance

Enclin à se sous-estimer

Il se veut ivre

À fréquenter les livres

Et libre

De toute influence

Car au fond il n’en fait

Qu’à sa tête

Pourquoi lui en vouloir

S’il ne traîne pas dans votre boudoir

 

Dans mon humilité

Même si vous en doutez

Pour certains d’entre vous

Je contiens la plénitude

Et mon anéantissement

La lumière

Et les ténèbres

Je suis un homme en clair-obscur.

 

© Texte, Denis Morin, 2019

 

Constamment

Je doute constamment

Malgré mon air frondeur

Mes yeux levés au ciel

Comme en état d’apesanteur

 

Je me questionne constamment

Sur le succès des uns

Sur la déveine des autres

Je me fais spectateur du destin

 

Je dessine constamment

Des points de suspension

À l’image d’idées inachevées,

Œuvres en gestation.

 

Je doute constamment

Et vous ?

 

© Texte, Denis Morin, 2019

De l’art et du silence

Les gens qui n’écrivent pas ne conçoivent ni ne comprennent qu’il faut du temps et du silence aux artistes pour créer du beau, célébrer le temps qu’il faut et pour métamorphoser l’ordinaire, le moche en quelque chose de grandiose et de fabuleux.

Le poème s’écrit généralement sur une lancée, un souffle, un jeu de mots saisi dans l’air comme on saisit un insecte en vol. Un mot en appelle un autre, tout comme les images se mettent à défiler comme un film devant nos yeux.

Sur un autre registre, le roman exige un travail assidu et davantage de souffle que l’on écrive avec ou sans plan. Je brosse un plan sommaire, mais je laisse les personnages me mener par le bout du nez. Si le poète se fait musicien et chef d’orchestre, le romancier dans mon cas suit ses personnages à la trace comme un loup ou un chien de chasse. Libérez-moi du temps et je saurai vous le rendre en une enfilade de mots pour vous faire rêver.

De plus, mes collègues vous diront qu’ils ont besoin de temps pour répéter une oeuvre musicale, la chanter, la danser ou bien pour peindre un paysage et transposer en couleurs des humeurs.

Par sécurité et conformisme, les gens apprécient les créateurs décédés en chansons, du cinéma, en peinture. Néanmoins, je les invite à encourager les artistes de leur temps. Respectez-les, même si vous ne saisissez pas toujours leur démarche.

Bonne lecture. Bonne visite à la galerie d’art ou bonne découverte du street art de votre quartier. Bonne écoute de la musique actuelle. Soyez curieux et vous rendrez des artistes heureux.

© Texte, Denis Morin, 2019

Une aria de Mozart

Dans un corridor

De métro

Une cantatrice

Ayant un minois d’actrice

Lançait,

Portée par une brise souterraine,

Une aria de Mozart

Sa voix,

On aurait dit une flûte enchantée

Une fée déchaînée

Les passagers l’écoutaient

Certains étaient fascinés

Tandis d’autres étaient amusés

Par cette soprano

Égarée

Du conservatoire

Scène improvisée

Demain, sera-t-elle aphone ?

Sa voix

Encore en moi résonne.

 

© Texte, Denis Morin, 2019

La vie des autres

La vie des autres

Se déroule

Dans les romans

En chapitres

En chansons

Dans les télé-réalités

Aux actualités

Dans le match de Paris

Pour les célébrités

Moi, je l’écris en poésie

Dans mes recueils

Je fais des clins d’œil

À Camille Claudel,

À Rodin,

À Barbara, Félix Leclerc

Et les autres

 

De grâce,

Évitez-moi une biographie

Après ma mort

Je m’amuse

En ce présent

À vous raconter

Tant le parcours des saints,

Tant les enjeux créatifs

D’artistes d’hier

Et de maintenant

 

Ouvert, je demeure

Pour accueillir

L’avis des autres.

 

© Texte, Denis Morin, 2019

Bleu de travail

Le gaucher inspiré tartine l’encre autant sur ses doigts que sur le papier. Voici la main du poète et de l’écrivain en devenir après avoir transcrit des notes pour son deuxième roman.   L’Écosse, la France, le Québec, l’itinéraire est tout tracé, tel un plan de travail dans un carnet…  Pour le reste, c’est secret.

Ça progresse lentement. J’écrirai ce roman au fur et à mesure.  Je n’en sais pas la longueur future.  Est-ce si important de tout contrôler ?  Je ne crois pas.  Je laisse à mes personnages la possibilité de me surprendre et de m’apprendre sur leur vécu.

J’écrirai ce roman dans trois cahiers Claire fontaine… puis je mettrai le tout sur Word. D’une écriture à une transcription, le texte s’affinera, sans compter que les cahiers dormiront dans mes archives personnelles.

doigt d'écrivain

© Photo, texte, Denis Morin, 2019

Souffleurs de vers

Lorraine me glisse à l’oreille

« Les poètes sont des souffleurs de vers »

Elle demeure toujours à la fine pointe

Je lui concède raison

Sans l’ombre d’un doute

J’ajouterai sans gêne

« Les poètes sont des souffleurs de rêves »

Naviguant entre grèves

Si familières

Et paysages interstellaires

Leur vision du monde

Vaut la joie de l’écoute

Vous qui n’écrivez

Jamais rien

Soyez au rendez-vous

De nos mots les plus doux

De nos mots les plus fous

Ainsi va la poésie.

 

© Texte, Denis Morin, sauf citation de Lorraine Lapointe, 2018

 

 

 

Le poète

Il manie

Le stylo et la souris

Pas vraiment la hache

Le couteau

Seuls les mots peuvent

Avoir du mordant,

Un côté incisif

 

En règle générale

Le poète préfère

Les livres

Les vers et la prose qui le rendent ivre

Par tant de beauté partagée

 

Par essence

Le poète écrit

Mais il lui arrive

De déclamer

Mais il lui arrive

De se taire

Selon si on souhaite l’entendre

Ou faire fi de sa compagnie

 

Il est en quête…

Sentiments, choses et mystères

Qui le tourmentent au travail

Qui l’éveillent la nuit

Lui font sortir un calepin,

Amas végétal recyclé, ligné

Anodin

 

À tout prix, il lui faut

Écrire une image

Tout droit, de biais, en marge

Faute de papier,

Au creux de sa main.

 

© Texte, Denis Morin, 2018

Sans aucune rancune

Elle me disait

Têtu, obstiné

Trop dans le mental

Trop dans l’ego

Elle me prodiguait

Des conseils sur les arts et la vie

Par je ne sais trop quel hasard

Ces conseils, elle ne se les appliquait

Pas à elle-même

Je la trouvais talentueuse, brillante

Comme une lanterne sous le boisseau

Flemmarde

Intuitive

Un brin vaniteuse

Elle jouait trop peu du clavier

De l’ordinateur et du piano

Les mots et les notes

Toujours remis à demain

Selon elle, je la méprisais

Pour ma part, ce n’était pas le cas

Je voulais secouer son immobilisme

Avant qu’il ne fût trop tard

Elle en eut marre

Que je lui rappelle

Le fait que n’écrire

Juste par temps inspirés

Par le Ciel ou autres bonnes ondées

Sur le moment, on est bien

Ancré dans le présent

Mais cela ne mène à rien

Sinon qu’à des regrets

De passer à côté de ses talents

Le sablier et l’hiver poussent sur les feuilles

Rageurs, nous nous sommes bloqués

Ici et là, tant dans le réel que sur les réseaux virtuels

Bon vent !

Que la Vie soit sa muse

Je m’en retourne

Justement à mon secrétaire

Mon clavier me tient meilleure compagnie

Tout ceci est écrit sans aucune rancune.

 

La vie, dans le mouvement

L’écriture se nourrit de temps arraché à la cacophonie de la modernité et de régularité.  Donc, on ne saute pas un jour sans broder quelques lignes, sans confier à l’écran ou au papier un état d’âme, une pensée, un dialogue à intégrer dans un chapitre de roman.

Oui, les états de grâce existent où les muses et les esprits des disparus nous soufflent l’image émouvante et la rime parfaite, mais bien plus souvent qu’autrement il nous faut un brin de fatigue oculaire pour que jaillisse un texte convenable qui saura faire réfléchir ou à tout le moins émouvoir le lecteur en sa chaumière.

Malgré les apparences, je n’ai pas le verbe facile.  Je suis timide.  Je me fais violence, puisqu’écrire m’est nécessaire pour vivre.  Tiens, je vous écris en ce moment dans le silence. Pas de télévision allumée pour distraire le regard, pas de Messenger ouvert, par de musique pour m’éviter le risque de m’envoler sur une mélodie.

Le livre en devenir se forge à coups de phrases prélevées, voire cueillies dans l’air.  Qui de l’imaginaire et de la raison se met au service de l’un ou de l’autre ?  Je ne saurais dire.  Cela importe peu.  Allons de l’avant, la vie étant dans le mouvement, dans le geste, des mots qui défilent et de l’iris qui lit…

À suivre…

 

© Texte, Denis Morin, 2018

Le parcours de l’artiste

L’artiste vit son parcours

Il inspire l’affection,

La haine ou l’indifférence

Il est ce qu’il est

Il crée, parfois il fait la récréation

Pour le peuple

Ou il éveille les consciences

 

Après son trépas

Le notaire et les ayants droit entrent dans la danse

Question de blé et de fiscalité

Formalités, vous dirais-je

 

L’artiste vit ses beaux jours

Il écrit, crée, crie, décrit

Peint,  danse, filme, pianote, chante,

Tournoie sur lui-même

Et dans son mouvement giratoire,

Veut toucher l’autre

 

Il est capté par le désespoir

La planète tel un navire qui coule

Il doit penser à émouvoir

Si l’ombre d’un journaliste lui tend un micro

Puis à se vendre

Sur les réseaux sociaux,

Promotion oblige

 

L’artiste s’époumone

À chercher la lumière du projecteur

Sur soi

Souvent, ça ne vient pas

Les lampes sont éteintes

Les regards sont détournés

Et l’artiste s’en retourne

À son silence,

À sa tanière

 

Circulez, circulez, les citoyens

Y a rien à voir

 

L’artiste sait qu’il vivra

À titre posthume

Émotion dans la voix

Non, je n’ai pas le rhume

Par ses œuvres

Par l’amour ou son contraire

Qu’on lui vouait

 

S’il est né sous une bonne étoile

Son nom sera dans le Robert

On aura des pistes de recherche

Aux archives nationales

Ou dans une vieille malle familiale.

 

Quant à moi,

Je lirai ma poésie

J’animerai des ateliers

Et j’écrirai des billets tel celui-ci

Comme autant de bouteilles…

Un homme à la mer !

 

© texte, Denis Morin, 2018

 

 

 

Claire d’Assise, hymne au Créateur

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Il est bien étrange comment une histoire d’amitié avec un personnage historique survient dans notre vie.  Sainte Claire d’Assise est fêtée le 12 août.  Or, ma sœur cadette est née en la Sainte-Claire et l’une de mes sœurs aînées possède Claire parmi ses prénoms.  Quant à moi, c’est en lisant sur le Pauvre d’Assise que j’ai vu apparaître Chiara Offreduccio di Favarone (1194-1253).

Dans un premier temps, j’écrivis en 1993 une pièce de théâtre (non publiée) intitulée La dame aux cailloux, tout simplement parce que Claire avait l’habitude de réciter des patenôtres avec des cailloux.  Cette pièce fut jouée une trentaine de fois de Rivière-du-Loup à Ottawa.

Vingt ans plus tard, Claire me revenait à la mémoire.  J’ai alors annoncé aux Clarisses de Valleyfield, en banlieue de Montréal, mon intention de reprendre la marche en poésie en Ombrie.  Elles m’ont soutenu à leur façon par leurs prières.  À mon tour, je me suis mis à genoux intérieurement pour écrire Claire d’Assise, hymne au Créateur.

Fait à noter qu’elle fut la première femme à fonder une communauté religieuse dans l’histoire de la chrétienté.

Les titres des poèmes de ce recueil vont comme suit :

Si temps je perds

Les cailloux

En plein midi

Ostensoir

François

Privilège de pauvreté

Pierre d’assise

Ma sœur la lune

Les cinq Plaies

Une truite du Topino

Ma sœur l’eau

Si cela chante à Dieu

La fuite des mercenaires

La bénédiction du pain

Le cep et la paille

Le plus beau des mariages

Il chiostro (le cloître)

Nativité

Bientôt, je m’en irai

À vous, mes sœurs.

Pour clore ce temps de parloir, Claire me permet de vous livrer un extrait de Ma sœur, l’eau :

« Ma sœur l’eau,

Baptise ou frisonne sous le vent

Devient parfois neige, glace ou vapeur

Transforme le jeûne en banquet

Car elle reflète la lumière du Ciel. »

 

© texte et photo, Denis Morin, 2018

 

Je suis un artisan

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Je travaille à la manière des artisans, en faisant preuve de patience, de résilience et de foi en mon talent.  Si je n’y crois pas moi-même, qui me suivra ?  Je mise sur la durée, les heures passées à lire, à me documenter, à réfléchir et à enchaîner les mots les uns aux autres pour donner sens à ma vie.  Je ne serai jamais la saveur du jour, je le sais, mais on parlera de moi demain, de mes recueils de poésie biographique sur Camille Claudel, Auguste Rodin, Barbara, Félix Leclerc et bien d’autres.  Je ne souhaite aucunement être une étoile filante qui tombera aux oubliettes.  J’écris parce que je ne sais rien faire de mieux.  J’écris aussi pour partager.  Par conséquent, le moment de la lecture devient communion entre l’auteur et son lecteur.

©  photo et texte, Denis Morin, 2018

Le bleu du rêveur

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J’ai toujours aimé

Déposer une goutte

Bleu de méthylène

Ou encre

Provenant d’une bouteille

Dans une eau tranquille

Pour le tourment momentané

Causé dans l’ordre des choses

Non, je ne suis pas

Seiche qui s’esquive

Mais juste un rêveur

En train d’attente

Sur le quai d’une gare de train

Des images et des sons

Pour que les mots s’ensuivent…

Il suffit de voir…

On sort du métro ou on descend du bus pour se rendre chez soi.  On se questionne sur la pertinence de l’écriture dans sa propre vie.  On lève la tête vers le ciel.  On sursaute, puis on saisit son cellulaire pour capturer cette plume éphémère dans le ciel.  Un signe et une coïncidence pour soi, un banal nuage pour le voisin.

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© Denis Morin, textes et images de ce blog, 2018

Stabat Mater

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J’aime la culture en général et les sentiers qu’elle prend comme les beaux-arts, la littérature et la musique.

Un soir, un ami musicien arriva chez moi avec un CD et m’oblige à m’asseoir pour écouter en silence le Stabat Mater de Pergolesi.  Comme seul commentaire de ma part, il n’y eut que mes larmes, tellement cette œuvre me touchait.  Ensuite, cet ami me lança le défi d’écrire une pièce de théâtre d’après cette œuvre musicale.

En 1995, je décidai d’imaginer une femme, Myriam, en deuil de son fils bien-aimé, assise sur une scène, dans l’attente d’un retour, accompagnée d’une femme tourmentée et d’un homme rêveur.  Transposition moderne de la Vierge Marie, de Marie-Madeleine et de Jean l’Évangéliste.  Chacun se confie, se raconte, tente de comprendre sa propre vie, veut l’appui des autres, se fait l’écho du monde qui souffre…

Les scènes s’intitulent : L’agneau et l’arbre / De sang et d’eau / Les entrailles de la terre / Cendres / Poussière / Les fibres du bois / Berceuse / M’abreuver à la source de tes larmes /  Braises / Le feu renaît / L’aube.

Fait à noter que cette pièce de théâtre fut jouée en 1995-1996 au Québec à quelques reprises dans des églises paroissiales catholiques, dans une prison pour femmes et en une chapelle abbatiale cistercienne.

Modigliani, regard sur l’abîme

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L’idée d’écrire sur ce peintre et sculpteur m’est venue en lisant un article en ligne sur l’acteur français Gérard Philipe.  Je me suis rappelé l’avoir vu dans Montparnasse 19, film de 1958 du réalisateur Jacques Becker.

Amedeo Clemente Modigliani est né dans une famille juive sépharade de Livourne, Italie, en 1884.  Sa mère francophile lui apprit le français.  À la maison, on parlait italien et français.  Plus tard, le jeune artiste se sentant vite étouffé par le conservatisme de l’art que ce soit à Rome, à Florence ou à Venise se tourna vers Paris, se promenant entre Montmartre et Montparnasse. En fait, il ne voulut appartenir à aucune école.  Il expérimenta un temps la sculpture (influencé par l’art khmer et l’art primitif africain) pour revenir à la peinture (avec un emprunt aux formes allongées des masques africains).

En ces temps-là, vivre à Paris signifiait aussi de pouvoir croiser entre l’atelier et le bistrot : Pablo Picasso, Chaïm Soutine, Maurice Utrillo, Suzanne Valadon, Marie Laurencin, Guillaume Apollinaire, Max Jacob, Jean Cocteau.

Il mourut en 1920 de la tuberculose, suivi de quelques heures par sa fiancée, Jeanne Hébuterne, peintre elle aussi.  Celle-ci se défenestra par désespoir.

Pourquoi écrire et publier le présent recueil en 2017 sur cet artiste ?  Je ne sais pas, si ce n’est que je suis ému devant la sensualité des femmes dénudées, ses portraits empreints de spleen, l’histoire d’amour de Modigliani et de Jeanne, surtout face à la vie éphémère du créateur, semblable à une rose au parfum enivrant trop vite fanée.

Piaf, toujours l’amour

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Piaf, c’est la chanson française qui entrait dans la maison par le biais de la radio et des 33-tours. Le petit Québécois que j’étais la découvrait à la fin des années ‘60.

Piaf signifie pour moi Paris, les milieux modestes, le bal musette, le cinéma noir et blanc d’après-guerre.

J’aimais sa façon de faire tanguer la musique, de mordre dans les mots et rouler les r et de jouer la tragédie avec sa petite robe noire et ses gestes à la Cassandre.

S’attaquer à un mythe de la culture française n’est pas une mince affaire. J’ai lu sur elle et sa soif d’aimer. J’ai écouté, goûté, me suis imprégné de ses chansons.  Par la suite, je me suis dit que la ligne directrice de sa brève vie fut l’amour : celui que l’on quémande, que l’on offre, que l’on désire, toujours si proche, mais pourtant inassouvi.

Les titres de certains poèmes vous donneront le ton du recueil :

Une enfant de la balle ;

Si j’avais de l’oseille ;

Le beau gosse de Marseille ;

La démesure ;

Mi cigale mi fourmi ;

À chaque amour ;

Je me consume.

À la toute fin du recueil, une chronologie guide le lecteur et pose les principaux jalons de sa vie et de sa carrière.  Le recueil est disponible en papier et en numérique, tant en France qu’au Québec.

Bonne découverte !

Projet Genèses

Vous le saviez peut-être que j’aime autant l’histoire que les arts.  L’histoire de l’art me semble le mariage parfait entre mes pôles d’intérêt.  Les peintres et les sculpteurs sont situés dans leur époque, impliqués dans un courant ou à contre-courant des modes et des écoles.

En outre, il me plaît d’écrire la vie des autres.  Ainsi, j’ai écrit sur Camille Claudel, Auguste Rodin, Amedeo Modigliani.  Je m’intéresse aux artistes du passé, mais aussi à mes contemporains.

Je vous invite donc à découvrir le projet audio Genèses où je parlerai de poésie biographique et où vous pourrez découvrir des artistes, tout en me posant vos questions auxquelles je me ferai une joie de répondre.

Pour vous inscrire gratuitement, veuillez vous rendre sur le lien ci-dessous

http://www.adret-webart.fr/geneses.php

Au plaisir d’échanger.  À suivre.

Avez-vous un rituel d’écriture ?

En règle générale, je m’installe à mon secrétaire avec un théière à proximité et j’insère un CD de musique. Cela peut être un CD de Piaf, de Barbara ou Windigo d’Alexandre Désilets. Je ferme momentanément mes sessions sur les réseaux sociaux, question d’être concentré.  Je consulte mon plan d’écriture et je me lance…  J’ai besoin d’une plage-horaire de deux à trois heures pour me sentir satisfait quand j’écris dans mon scriptorium.

Je possède un autre rituel d’écriture, je glisse un carnet dans ma serviette. Ainsi, lors de mes déplacements en train, j’en profite pour y déposer des poèmes ou des segments de prose. J’ai pu écrire ainsi mes recueils de poésie sur Barbara en totalité et en partie mes recueils sur Félix Leclerc et Modigliani.  Le rythme du train qui file vers le Lac Deux-Montagnes me permet de plonger en moi, malgré les passagers qui cherchent à lire par-dessus mon épaule.  Le lendemain soir, je sors à nouveau le carnet marron.

Il m’est arrivé d’observer une romancière qui sort matin et soir son ordinateur pour faire évoluer ses personnages.  Le transport en commun devenant pour elle aussi un café ambulant.

Quel est votre rituel d’écriture ?

Barbara et Félix Leclerc en un même livre audio !

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Ce CD est le fruit de rencontres artistiques.  Jeune adulte, je découvrais les mélodies et la voix de Barbara, de même que j’avais découvert au préalable l’univers de Félix Leclerc.  J’ai toujours été fasciné par la culture française et par la présence française en Amérique du Nord.

À titre d’écrivain, j’y vais selon mes envies et mes coups de cœur.  Alors, rien d’étonnant si un matin je me suis mis à écouter en boucle des chansons de Barbara et à me documenter sur le troubadour de l’Ile d’Orléans sans raison apparente.

Le défi en poésie biographique de ces deux personnages consistait à recréer le plus fidèlement possible la vie sur scène et la vie hors scène. En me documentant, je me suis faufilé si on peut dire en coulisses, puis j’ai laissé mon intuition me guider d’un vers à l’autre, du premier poème au suivant. J’ai noté un carnet dans le train pour écrire une rime et décrire un paysage, un rideau de théâtre, un piano, une guitare.

Ainsi, le recueil Barbara, ébène et ivoire, paraissait en 2015 chez Edilivre. L’année suivante, je préparais le recueil Félix Leclerc, l’homme et la Poésie paru à la même enseigne. À cette même époque, Adret Web Art me contactait sur Twitter.  Nous nous sommes vite trouvés des affinités créatrices.  Nous développons des projets littéraires. Je leur confie mes mots, mes images et ils les enveloppent de leurs voix harmonieuses et expressives.

Comme la vie se constitue souvent de surprises, la maison VOolume et Adret Web Art ont eu l’idée de ce livre audio original réunissant la France et le Québec pour honorer deux ambassadeurs de la chanson d’expression française. Je leur en suis très reconnaissant.

CD Auguste Rodin, la vie à pleines mains / Camille Claudel, la valse des gestes

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Choisir sur qui écrire relève du désir et d’un brin d’audace, surtout en poésie biographique.  On s’établit une vague liste, mais en fait ce sont les personnages qui marchent vers nous. Ils se glissent subrepticement et finissent par imposer leur présence comme une évidence. En prenant la plume et le clavier de l’ordinateur, on sait qu’on aura à leur déclarer notre admiration, voire notre amour.

Comment un Québécois ose-t-il se tourner vers ces monuments de la culture française ? Le Québécois que je suis vous répondra que, par la langue de Molière et de Leclerc, j’inscris la culture française dans celle de la francophonie.  Depuis mon enfance, je suis fasciné par la culture française.  J’entends encore Piaf, Reggiani, Ferrat et même Dalida interpréter Avec le temps de Ferré, par un dimanche après-midi pluvieux au salon de mes parents.

Dans les années 1980, j’avais assisté dans un théâtre montréalais à une très belle adaptation de la biographie Une femme d’Anne Delbée, sous le choc de ce si beau personnage.

En 2013, une amie d’origine brésilienne m’avait dit que son premier livre lu en français était cette biographie.  Je me suis alors rappelé la lecture de cet ouvrage et la pièce vue.

Un matin de 2015, je me suis réveillé en me disant que j’écrirais sur Camille Claudel, sans trop savoir pourquoi ni comment la sculptrice allait en quelque sorte influencer ma propre vie…  Deux jours plus tard, je débutais la lecture de sa correspondance.  Par la suite, j’ai confié mes mains à Camille pour qu’à travers moi elle raconte sa vie.  À ma grande surprise, les premiers textes furent liés à la période d’internement, puis je lui ai demandé d’emprunter doucement les sentiers de l’enfance.

À cette même époque, les échanges sur Twitter avec Jacqueline et Jean-Claude Barral d’Adret Web Art ont mené à une première complicité artistique.  Jacqueline a prêté sa voix vibrante à Camille d’abord sur YouTube avant de créer avec une équipe de chercheurs sur le livre et la lecture un spectacle 3D en immersive à partir d’extraits de mon recueil Camille Claudel, la valse des gestes sur la plateforme EVER de l’université de Strasbourg, en France.

Au fil du temps, j’ai eu peine à laisser aller Camille, comme si je ne voulais pas l’abandonner à son triste sort.  Je me suis longuement questionné avant d’en arriver à la conclusion que je retrouverais Camille dans le regard d’Auguste Rodin.

À Paris, j’ai pu visiter le Musée Rodin, fasciné par le gigantisme de certaines pièces, par l’expression dramatique des Bourgeois de Calais et par la Porte de l’Enfer, tout autant que par la dentelle sculptée qui me semble définir le mieux les œuvres de Camille Claudel, conservées dans une section lui étant consacrée. En 2015, j’ai visité deux fois au Musée des Beaux-Arts de Montréal l’exposition Rodin – Métamorphoses.

Je suis très conscient du fait que les cinéastes et les comédiens ont trouvé chez ces deux amants un matériau créateur hors du commun.  Ainsi, je me joins à eux et j’ajoute mon propre éclairage en essayant de restituer le plus possible la vie d’atelier, les questionnements sur l’art et les tourments causés par l’amour.  Je vous avoue que j’adore Camille et que je respecte Auguste.

Oui, je parle souvent d’eux en les appelant : Camille et Auguste.

Or, nous vivons en des jours où il est de bon ton de louanger Camille et de conspuer Rodin.  À ma façon, j’ai voulu modestement rééquilibrer les faits en livrant la perspective d’Auguste Rodin sur leur histoire.  Je pense sincèrement que Rodin a réussi sa vie d’artiste et qu’il a échoué sa vie intime.  Après l’échec amoureux et le dépit éprouvé à l’égard de Rodin, Camille fut sacrifiée par sa famille sur l’autel des convenances.  Rose Beuret, la compagne, souffrit des infidélités du maître sculpteur.  Auguste Beuret ne fut pas reconnu officiellement à titre de fils légitime.  On suppose que les enfants de Rodin et de Camille furent adoptés par les familles des nourrices auxquelles on confia les poupons.

Par ce CD contenant mes deux recueils, vous entendrez les lectures touchantes et l’environnement sonore conçu par Adret Web Art.  Camille Claudel y prend vie avec toute sa ferveur créatrice et Auguste Rodin se confie tout simplement.  L’auditeur devient le témoin de leurs échanges tumultueux et de leurs destins.

À titre d’information, sachez qu’on peut aussi trouver chez https://voolume.fr le CD Auguste Rodin + livre et le recueil sur Camille Claudel en téléchargement.  La parution du recueil sur Rodin en téléchargement existe également.

Bonne découverte !