Bleu nuage

Il y a ce bleu nuage

Constitué de pluie, d’humeurs ténébreuses,

De la mélancolie envahissante de novembre

Il y a ce bleu nuage

Au-dessus des toits, des maisons tranquilles

Des chats qui rodent dans les jardins

Aux fleurs éteintes

Il y a ce bleu nuage

Cette encre diluée

Ces mots sous-entendus

Dans tes missives trop brèves, trop sèches

Il y a ce bleu nuage

À tes lèvres presque pourpres

Faute d’oxygénation

Au cœur

Il y a ce bleu nuage

Une tempête sévit

Quelque part sur une carte

S’agite la boussole

Il y a ce bleu nuage

Entre les pages

Du livre

Que tu voudrais écrire

En marge du monde.

© Photo, texte, Denis Morin, 2022

La silhouette esquintée

Elle se sait

Condamnée

À la casse

À la case départ

La chaise

Plus personne n’en veut

Il peut

Bien pleuvoir, grêler,

Neiger

Qu’importe

Son sort est joué

À moins

D’un revers du destin

D’un bricoleur du dimanche

Qui pourrait

Par amour des choses anciennes

Lui ajouter un barreau

Lui redonner son lustre d’antan

Souhaitons-lui

Bonne fortune

Miracle inattendu

Qui sait

Sur cette rue,

Cette grande allée

Bordés d’arbres centenaires

Détrempée par novembre

Elle se sait

Photographiée

Mise dans une casse,

Celle d’un cellulaire

Par un poète au pas égaré

Il lui trouve un charme suranné

Un je-ne-sais-quoi déjanté

Malgré sa silhouette esquintée.

Si prévisible

Frissons givrés

Sur l’herbe

Au printemps

Nous (nous) étendrons

À nouveau

Nappe à carreaux

Vin

Fruits

Fromage

La bordure de tissu

Sera notre rivage

Rêvons d’ici là

De retrouvailles

De boustifailles

De bouteilles ambrées

Et d’un chapeau

Tressé de paille

Et d’une casquette si coquette

Te souviens-tu

Des discussions animées

Des divergences

Parfois, de nos convergences

Ton pied pointait vers le sud

Je tentais

De décoder ton attitude

Désemparé.e, tu étais

Face à mes habitudes

Je sais

Que j’étais

En dépit de mon imaginaire foisonnant

Si prévisible.

 

Cadavres écrits et À l’encre de l’esprit

Un poète, ça écrit des choses gentilles comme la pluie, les roses, les papillons et les abeilles. Toutefois, il arrive de temps à autre que l’artiste est invité à sortir de ses gonds, à casser la baraque, à chahuter pour se surprendre lui-même et le lectorat. Yoann Laurent-Rouault, notre directeur de collections et aussi peintre-illustrateur, et Jean-David Haddad, éditeur, savent provoquer la création avec le consentement des plumes invitées.

Pour le collectif de nouvelles Cadavres écrits, j’avais soumis la nouvelle En toute impunité où un homme d’affaires narcissique au maximum abuse de son entourage, jusqu’au jour où une redoutable adversaire croise sa destinée.

Maintenant, je récidive dans le collectif de nouvelles À l’encre de l’esprit avec un texte intitulé Kaddish au Trastavere. J’y raconte un épisode surnaturel alors que je me baladais jadis sur un rive du Tibre à Rome, alors qu’une famille juive aperçue se préparait pour Auschwitz-Birkenau.

Dans ces deux livres, je suis entouré par de nombreuses plumes fort talentueuses de la maison JDH Éditions. J’unis ma voix à celles des autres bien humblement.

Je vous invite à découvrir ces recueils aux histoires fictives pour Cadavres écrits et aux phénomènes vécus pour À l’encre de l’esprit qui viendront hanter vos nuits. Bref, ça décoiffe !

À lire évidemment si le mystère et les ambiances troubles vous fascinent.

Ces ouvrages sont toujours disponibles via Amazon.fr, la FNAC, etc. ou bien à la boutique en ligne de chez JDH Éditions, en impression à la demande.

Selon toute vraisemblance

Robert, Jacques,

Michael, Zachary

Un prénom gommé

Partout ou presque

Parti sans laisser d’adresse

Appels à l’abonné absent

Parcours du West Island

Ou d’Homa vers le centre-ville

Désabusement

Exclusion

Faim

Besoin de soins

Besoin de regard bienveillant

Sur lui

Vêtements

Ajours de tissu abîmé

Passe l’air vicié du métro

Besoin de consommer

Besoin d’un toit

Besoin de toi

Par où commencer

Par où clore

Une destinée

Une estime

À regagner

Pour soi

Selon toute vraisemblance.

Tes joues

Il y a tout ce rose

De la coupe aux lèvres

Dans ce vertige

De l’étreinte

De l’atteinte

Aux sentiments

Il y a tout ce rose

Dans les voix sur YouTube

Dans ces souhaits échangés

Dans ces J’aime et J’adore

Il y a tout ce rose

Ces cristaux de sel et de sucre

Ces strates

Cette montée et cette chute

De l’effervescence

Il y a tout ce rose

Qui te monte aux joues.

La chevauchée des vélos-citrons

Vélo-citron

Papillon monarque urbain

Le plus démocrate qui soit

On le pose sur les quais du métro

Où nos semelles poussiéreuses

Ou boueuses

S’accrochent à ses rayons

Éclat vif

Dans la grisaille souterraine

Les humains décrivent dans la ville

Des itinéraires

À peu de choses près

Font de même les rats

À Montréal, discrets sont-ils

Pas de cavale à dents acérées comme à Paris

Quai d’Austerlitz

Sous l’armature industrielle du 19e siècle

J’image des mômes d’avant-guerre

D’avant-garde

Chevauchant des vélos-citrons.

Gommer le banal

Je voudrais

Partir

Ne plus revenir

Ne plus retenir

Libérer

De tout boulet

De toute blessante expérience

De tout goulot d’étranglement

Tu voudrais

Fuir

T’anéantir

Glisser

Comme une eau de pluie

Sur les surfaces

Sur les glaces

Il/elle voudrait

Pianoter

Par le toucher

Inventer ces sons

Cette musique,

Invitation à la fête,

À la danse,

À la transe

Si l’existence était carnaval

Si l’existence gommait le banal.

Des promesses d’avenir

À l’ombre des tours

La victorienne maison en pierre,

Écrin de secrets

Eleanor pleurait

Entre deux tasses d’Earl Grey

C’était hier,

Édinbourg, Londres et Paris

Puis Montréal

Et James divaguait

À bâbord et à tribord

Entre deux verres à ras bord

De whisky ambré

Roulèrent leurs joncs

Guettent toujours leurs ombres

Aux fenêtres

Pensons à leur unique enfant disparu

Couché sous une stèle

Quelque part, sur la montage

Aux amours mortes

On remplace les troncs tombés

Par des promesses d’avenir.

À sa mélancolie

Sur la pierre

Figure d’enfant

Visage d’antan

Le sculpteur a déposé

En terre

Son marteau

Et ses fers

Cette pierre

Frise de colonnade

Les colonels ont défilé

Les dignitaires ont gravé

Leurs noms

Sur plaques cuivrées

Pour la postérité

Cette pierre

Figure d’enfant

Me souffle à l’oreille

Que toute vanité

N’est que du vent

Expression tranquille

En toute apparence

Bien des gens ont trépassé

Comme bien d’autres passeront

À Londres, à Paris

À Berlin, à Rome

À Vancouver, à Montréal

Bref, bien des hommes et des femmes

Marchant flamme éteinte,

À vive cadence

Indifférent.e.s à sa mélancolie.

À plus

À la terrasse, on m’y trouve près de la tonnelle et de la vigne aux raisins amers dont les oiseaux se régalent l’automne venu. Je préfère ceux du fond de la cour que je transforme en gelée si délicieuse.

Je disais que je prends place sur cette chaise de bois quand il ne pleut pas et quand la lumière n’est pas trop aveuglante non plus. Manque la tasse de café ou une coupe de rosé, mais je ne picole pas avant l’heure de l’apéro.

Assis à cette minuscule table, débute l’écriture d’un deuxième cahier. Les idées se mettent en place et les personnages jouent du coude. Qui dira la première réplique et surtout qui donnera la réplique assassine ?

Au hasard, le poème inattendu s’invite. Une feuille à part reçoit alors le bruit d’avant la mise en page finale. En fait, un texte est-il une œuvre figée condamnée par son cadre ou vit-il justement par l’iris du lectorat ? J’ai mis telle ou telle intention, mais les mots possèdent une charge émotive et évocatrice qui me dépasse bien largement. Je ne suis que le valet de mes textes passés, actuels et futurs. Qu’on se le tienne pour dit !

Par conséquent, je n’ai pas dit mon dernier mot. À plus.

D’une certaine émotion

Mots

Aveux

Coincés dans la tourmente

Chiffonnement

Expéditeur il y eut

Message freiné

Dans sa transmission

Destinataire inconnu

Papier ligné

Devoir ou amour

Leçon ou amitié

Non, je n’ai pas osé

Défroisser

Les fibres

Et lire

Décoder

Pour ainsi dire

Cet estompement

De l’intention

Ça restera un secret

La pluie

Le piétinement

Feront le reste

Et moi, je reste

Fasciné

Par cette sphère,

Fruit d’une certaine émotion.

Comment

Entrée dans une vieille gare

Désertée

Ce matin

Des anciens combattants

Cet ange / Cette victoire ailée

Soutenant le blessé

Le soldat mourant

Le poète déroule dans sa caboche

Une bobine

Il se fait du cinoche…

C’était du vrai

Pourtant

Les images défilent

Les trains sifflent

Dans l’aube

Sur le quai, elle pleure

Sur les marches du wagon

Le brave a tout de même peur

Enfants à l’école

Rêveurs

Du père

Du grand frère

Parti

Vers les lointains pays

Devant l’ange / Cette victoire ailée

Le poète écoute

Les souffles anciens

Imprégnés dans la pierre

Et ces voix de femmes

Tantôt cris

Tantôt murmures

Comment

Me reviendras-tu

De Verdun, de Vimy

De ce débarquement en Normandie

Comment

Dans quel état

De corps

D’esprit

Déconfit

Déconstruit

Me reviendras-tu

La guerre brûle

Autant les munitions

Que les hommes

Comment

Entendras-tu

L’appel du retour

Si les canons

T’auront rendu

Sourd ou fou

Comment

Te souviendras-tu

Des gens d’avant

Le chaos

Le conflit

La propagande

L’économie

Dis-moi

Tout simplement

Comment

À portée de pas

Eau

Émanation de la terre

Le minéral se fissure

S’y abreuvent les oiseaux

Un bourdon

La survole

Une libellule

L’agrémente

Par sa grâce

Mon œil y plonge

Eau

La fleur l’effleure

Comme le bout

De tes doigts

Je ne serai

Jamais tout à fait moi

En l’absence

De cette nature

De cette verdure

À portée de pas.

© Photo, texte, Denis Morin, 2022

Jusqu’à la fin août

C’est (dé)veine

Papillon

Espèce protégée

Pour espace saccagé

C’est parade

Annulée

Paillettes rangées

Ce pantalon de cuir te va si bien

Applique un peu plus

De fard à joue

Jeter ombrage

Le vernis à ongles en spécial

À la pharmacie du coin

C’est Yourcenar

Du plus bel effet

En opéra

Livret à quatre mains

Du Québec vers la France

Vers le Maine

Il n’y a qu’à suivre le fleuve

Se jetant dans la mer

C’est retrouvailles

Victuailles

Une bière de chez nous

Du pain, du fromage,

Des fruits,

Du poulet rôti

De la salade de chou

Tu resteras bien

Jusqu’à la fin août.

© Photo, texte, Denis Morin, 2022

Inséparables

Tu m’ignores

Aujourd’hui

Pourtant

Hier

Nous étions

Inséparables

Nous parlions

Chanson

Poésie

Nous rêvions

De France

De Paris

Et d’Avignon

Sur ce petit pont

Dansé nous aurions

Je porte

Sur mon dos

L’étoile du parfait inconnu

À quoi bon se plaindre

De ce qui n’est plus

Que le passé se creuse

Au fond de la mémoire

Le temps s’illusionne

À faire du passé

Un présent.

Juste avant Netflix

La girafe forme

Un T

Majuscule

Sur centre-ville

Vue imprenable

Le fleuve

Les bretelles d’accès

Aux autoroutes

Économie en déroute

Le cousin à Beyrouth

Allume sa lampe,

Pas celle d’Aladin

La girafe forme

Une étrange exclamation

J’entends

Les détonations

Via les vidéos

Et les topos

Une ville tombe

Un village se relève

Hécatombe

Au lointain

Dont on se lasse si vite

Changez de chaînes

Vous êtes les mêmes

Qui épandez vos pesticides

Sur ce terrain de golf

Mais ne me parlez pas

De la nostalgie du papillon monarque

De votre adolescence

Virevoltant

En toute insouciance

C’était autrefois, hier

Juste avant Netflix.

Et si le verbe

Et si le verbe, je veux dire par cela l’expression artistique, est le supplément d’âme qui distingue l’Homme des autres espèces animales. Pourtant, cela ne signifie que l’on puisse asservir et détruire allégrement la nature comme nous l’avons fait depuis la révolution industrielle.

Et si le verbe était ce qui nous permettait de mieux faire ressentir l’expérience humaine à nos concitoyens, en toute solidarité, dans le sens le plus noble du terme, sans nécessité de passer par les jeux de la séduction, la cupidité maladive et la soif de domination.

Et si le verbe s’avère la meilleure façon de rejoindre l’autre, de l’émouvoir, de lui donner des ailes, tout en s’ancrant, racines plongées dans le terreau fertile de nos ancêtres.

Le temps fragmenté

Le temps fragmenté

Aimerait

Faire d’un lundi

Un dimanche

L’écorce dégagée

Du cep

A pour précepte

De croire en les fruits à venir,

Grappes au bout des doigts

Ou à portée de bec

Les étourneaux réclament

Leur portion

Le temps fragmenté

Ne se compte pas

En regrets

En ‘’si j’avais pu’’

Le temps fragmenté

S’arrime

Aux visages à découvrir

Aux livres à lire

Aux êtres à étreindre

À la clarté du jour.

Commentaire pour La petite goutte d’eau

La petite goutte d’eau de Denis Morin

                        Offert sous une présentation soignée et attrayante aux Éditions Le Baladin, le conte La petite goutte d’eau de l’écrivain Denis Morin s’adresse à tout enfant qui sommeille en chacun, chacune de nous, ainsi qu’à l’âme sage et innocente des plus jeunes.

            Dans un langage riche, fluide et un style impeccable, l’auteur nous fait entrer dans un univers à la fois simple et enchanteur, en plein accord avec l’ordre du monde. Il y a dans ce très joli conte quelque chose d’apaisant, de rassurant, à propos de cette fabuleuse aventure de la vie et qui lui donne sens. Un peu à la manière du Petit prince de Saint-Exupéry, la petite goutte d’eau explore, voyage dans cet univers, fait des rencontres, expérimente, apprend…

            Cycle de l’eau, cycle de vie… et la boucle se boucle. Moment de lecture douce et bienfaisante.

                                                                                   Diane Boudreau, écrivaine,

                                                                                                          le 7 juillet 2022

Égarement

Flèche ployée

Par le poids des pas

Des directions à suivre

Des décisions possibles

Un choix

Hors du carquois

Étrange accent circonflexe

Laissant perplexe

Et que dire de ces pointes

Recherche de la cible

Atteindre les pourtours

Mais miser le cœur

Une seconde fois

Du guide

Qui dit

‘’Cette gare fut construite

Dans un contexte…’’

En français, en anglais,

En cantonnais

Offre d’options

L’égarement est-il permis ?

Pourquoi et pour qui écrire ?

Je viens de discuter avec Diane Boudreau, peintre et poète, sur le pourquoi de l’écriture et le lectorat. Nous nous disions que nous écrivons pour laisser une trace de soi, d’une expérience humaine. Par l’intermédiaire du livre-objet, c’est le partage qui se vit de soi vers l’autre.

À la blague, je dis souvent que l’écrivain conçoit un trousseau pour sa succession en termes de textes, pas juste de droits à percevoir.

Sans aucun doute, la joie de s’exprimer s’ajoute à celle de créer. L’écrivain endosse l’habit de l’artisan semeur de mots. Dans ce monde où tout va si vite, il est bon de savoir se poser de temps à autre sur un pourtour d’horizon pour savoir savourer les heures et tenter d’apprécier le présent si (im)parfait soit-il.

Et puis, tout s’entremêle, son vécu personnel, des personnages inventés plus ou moins loin de soi, des impressions, des ressentis, des fulgurances créatrices. Dans le chaudron de l’imaginaire, on touille à gauche et à droite. Le résultat donne un tout sucré, salé, acidulé, doux-amer, selon les ingrédients mis et les émotions versées.

Somme toute, chaque texte est une aventure et une traversée, peu importe sa longueur et sa teneur. La littérature s’avère plus qu’une histoire de genres prédéfinis : conte, poésie, théâtre, nouvelle, roman, essai, biographie.

Parfois, souvent même

Chorégraphie

Ramage

Chatouilles du ciel

À l’heure bleue

Les conifères s’imposent

Les feuillus si discrets

N’osent livrer bataille

Chorégraphie

Mots que l’on gribouille

Sur un bout de papier

Le bus ne saurait tarder

Toi non plus d’ailleurs

Je t’aurai si longtemps…

Espérer

Ce verbe chargé de joies,

De déception, d’incertitudes

Contenir l’attente

Comme toutes ces hirondelles

Perdues

Dans les remous de l’azur

Chorégraphie

Ma tête

Se balade

Entre le poème

Et la recension du dernier livre lu

Et le polar qui gît impatient

Dans ma serviette

Encre bleue

Ratures

Lettres grossières

Répétitions inutiles

Passages en points de suspension

En transcrivant

Je peaufinerai

Pas le choix

Et les documents et rapports

En retard

Ma synchronicité déraille

Parfois

Souvent même

Je pense à toi.

Prière de ne pas arracher

Asclépiade

Plante indigène

Pétales

En myriades

Les bourdons et les monarques

S’éclateront

Profusion

Le nectar

À ramasser à la pelle

À la trompe

Avec les pattes

D’ici là, chenilles

En livrée brun chocolat

Et noir encre de Chine

Grignoteront les feuilles

En pâture

Pour elles, pas si indigestes

Sève toxique

Si protectrice

Les oiseaux n’ont qu’à bien

Se tenir

Avis aux intéressés ailés

Prière de ne pas arracher

Avis aux humains,

Spécialistes en pesticides

Et terrain de golf artificiels

La Nature vous en remercie.

Le chemin se prolonge

Marcher sous une coupole

De vert

Camaïeu de chlorophylle

Casse-tête

Faut-il se concentrer

Sur les trouées

Ou sur la superposition

De feuilles étalées

Par où commencer

Ce dédale

Ce découpage

Partir à la nage

Et n’en sortir qu’à bout de souffle

Goût de menthe

De verveine

Sur le bout de la langue

Passé le temps des sucres

Ayant effrayé un lièvre timoré

Une buse projette

Ses cris

Et une fiente en supplément

De reconnaissance

Je souris

Par parti pris

Pour la proie

Devant moi

Le chemin se prolonge.

Ligne de faille

Thé

Les ouragans du Mississipi

Montent vers le nord,

Celui que s’égare

Incline son axe

Éloigne les phoques des ours blancs

Les forêts du Sud

Vidées

De leurs minéraux

Et bois précieux

Exsangues

Les opposants indigènes

Abattus

Ou coincés en des villages

Le cinéma,

Outil de propagande

D’une maison si blanche

Que l’on soit à l’ouest

À l’est

Chacun ment comme il peut

Pour se défendre

Envahir

Occuper

Ligne de faille

Entre le raisonnable et l’avidité

Éclatent les ponts

Entre les nations

Pour l’instant, mon thé

Ne contient

Aucun polonium

Dis-je à mon géranium.

Par un code QR

Signet pour promotion-A

Bonjour, bonsoir,

Imaginez si tout un monde se contenait en un signe, presque un hiéroglyphe d’un modernisme visionnaire, soit un code QR.

Imaginez si cet univers passait ce code QR qui vous donnerait accès à une équipe d’artisans et de concepteurs. Vous auriez accès à de la poésie, à l’évocation de lieux (le Mont Saint-Michel, la Bresse) et de personnages, à des voix enregistrées, à des parcours en immersive 3D, à des commandes possibles de cartes postales et de support en bois pour mettre en valeur toute cette beauté. Ce sont les arts qui viennent vers vous.

Imaginez d’accéder aux vies et aux œuvres de femmes dans l’art (peintres, sculptrices, écrivaines) en une box ou via des catalogues, de puiser à la genèse de leurs créations et de connaître leur quotidien.

À titre de parutions récentes, nous avons des cartes postales multimédias intitulées AMOURS, sur Félix LECLERC (Félix Leclerc, l’homme et la poésie), d’autres sur Marguerite DURAS (Les amours-solitudes) ou bien à propos de l’aquarelliste Marie-Claude GUILLEMOT.

Quant aux femmes dans l’art, qui sera la nouvelle invitée ?

Je vous invite à consulter assez régulièrement le site d’Adret Web Art pour connaître davantage notre offre culturelle à la fois traditionnelle et novatrice.

Voici pour vous donner le lien pour accéder au marque-page avec QR Code de la Box offerte : https://www.adret-webart.fr/catalogue-box-femmes-dans-lart.php

Merci de bien vouloir nous découvrir. Pour toute question, n’hésitez pas à nous aborder sur Twitter, Facebook ou LinkedIn pour moi dans ce 3e cas.

À l’oeil du monde

Muguet dit

Au liseron

Gracile parasite

Que déclares-tu

Pour ta défense ?

Liseron répond

Rien qui mérite

La peine

De représailles

Je m’accroche

Comme je peux

À la vie

Aux autres plantes

Aux murets

L’élégant je fais

Muguet méprise-moi

Tant que tu voudras

Ma future floraison mauve

Vaudra bien tes clochettes blanches

Si éphémères

Ta beauté

Par ton mépris

Se ternit

Muguet dit

Liseron, mille pardons

À présent, vivons amis

Notre délicatesse commune

Montrons-la

À l’œil du monde.

Un écho de Rose Meredith

Mercredi dernier, j’animais le Café littéraire, un atelier de poésie dans le Vieux-Saint-Eustache, quand une participante d’un grand sac rouge cerise cette peinture. Je lui demande le pourquoi. Elle me répond par un « C’est un cadeau pour consoler les fantômes dans ton roman. »

Oui, il est vrai que dans ce roman, une dame du lac apparaît à certains moments et que des personnages périront par les eaux tumultueuses. J’éprouve de la tendresse pour les âmes errantes, à la fois anges gardiens et entités prisonnières de notre monde que l’on tarde à quitter définitivement.

Mais je trouve tout de même ce table apaisant comme il m’arrive parfois de causer en apparence seul dans ma maison à mes proches disparus. En guise de réponse, une forme se profile ou bien des cognements sur un meuble se font entendre.

Une lectrice de ma région m’a confié que mes romans Rose Meredith et Et cétéra l’ont aidée à vivre sereinement le deuil de son époux.

Une amie comédienne m’avais déjà mis sur la piste d’une reproduction de la toile choisie pour la couverture de Rose Meredith. En ajoutant cette nouvelle peinture  »fantomatique », mon minuscule scriptorium tourne en galerie où les images et les mots font bon ménage pour ma plus grande joie.

Avouons-le, outre la partie créative, l’écriture est le reflet de nos expériences humaines partagées. On se fait du bien à soi, tout comme aux autres.

Duras, box Femmes dans l’art

CartesDURAS

Quand Duras chez @AdretWebArt se présente pour sa box Femmes dans l’Art en poésie, en photo, en audio, en immersive 3D et en doc numériques sur clé ou via code QR.

Nous sommes une équipe dans ce projet et nous unissons les mots, les voix, les lieux. À notre façon, nous jouons avec le concept de la carte postale qui devient pour ainsi dire multiforme tout en lui ajoutant la dimension biographique.

À découvrir évidemment.

Annonce printanière

Dans mon grand sac en bandoulière, j’apporte souvent avec moi un livre pour une future recension, un cahier pour des écrits divers, des stylos, etc.

Hier soir, j’y ai rangé un cahier à couverture tachetée. Que du noir et du blanc. Mes couleurs préférées, outre le bleu et le vert. Dans le bus direction Montréal, je me suis mis à relire mes notes de janvier dernier, puis mes personnages m’ont repris par la main. J’ai griffonné quelques répliques et développé une description.

À la maison, je peine à me concentrer. Il y a des courriels à répondre, du ménage à faire, la lessive, tant de choses pour me délier de ma pièce d’écriture. J’y arrive, si j’écoute du piano, ça m’apaise, ou bien si j’écris dans un lieu public. Je me crée une bulle et je déconne/je décolle grave.

Par le passé, j’ai déjà écrit presque trois recueils de poésie ainsi. Des nouvelles ont été retravaillées entre ma banlieue, presque la campagne, et le centre-ville bruyant de Montréal. Dans le métro, des flashes poétiques m’assaillent, je dois tout noter. Cet après-midi, je causais avec une collègue et j’ai commis un lapsus en nommant quelqu’un. Elle m’a répondu qu’il y avait là un nom de personnage.

Donc, si la tendance se maintient et les matinées suivantes, je serai en mesure de poursuivre le fil de ce nouveau polar où j’invite des personnages présentés dans mon polar L’ours et la ruche.

En outre, j’ai l’intention d’écrire une suite à mon roman Et cétéra.

Le printemps me donne des ailes, semble-t-il.

Votre tableau est prêt

Ange replet

En corniche

Au-dessus d’un livre

On le dirait ivre

De connaissances

Et de secrets

Il en a connu

Des saisons

Et des élèves inquiets

Notes

Bulletins

Remontrances

Coups de règle

Sur les doigts

Façon d’apprendre

À calculer, à écrire, à réciter

Surtout à ne pas trop se tromper

Sinon c’était aussi la ceinture

Ou la fessée

De retour à la maison

Enfant, j’évitais

La cour et les récréations

En rêverie

Je déambulais

Sur les stries et les coups de craie

Que je gommais

Brosse de feutre

Rectangle d’éponge

Eau blanchie par les signes,

Chiffres et lettres

« Sœur Aline, votre tableau est prêt ».

Voici que…

Tête de chat

Voici que…

L’orage s’annonce

La panne électrique 

Se prolonge

Il faut sortir les bougies

Lire si cela est possible

À la lumière vacillante

Rire un peu 

Pour dédramatiser

Allumer le feu

Dans l’âtre

On se sentira bien mieux

À l’aube

Tout sera oublié

Le chat s’étirera

Après ses rêves de chasse

Et de souris vaincues

Le bel amour préparera le café

Du matin

Les draps auront

Encore le parfum

De la nuit

Dehors, un cumulo-nimbus

Broutera lentement

Son pré d’azur.

Que voyez-vous ?

Sable du désert

Rose des sables

Cercle de verre

Tout se contient

En son centre

Sucre d’érable

Cire d’abeille

Côte sablonneuse

Érosion

Pain de savon

De Marseille

Copaux ramollis

À l’eau

Pourquoi faut-il

Une étiquette

Une définition

Circonscrire

Est-ce si important

Tout est plausible

Tout est possible

Que voyez-vous ?

Emily D.

Boutons blancs

Nacre et ivoire

Industrialisés

Prélèvement

Sur chemise aux manches élimées

Ma mère les ramassait

On ne sait jamais

Ça pouvait toujours servir

Remplacement requis

Je fais de même

Dans un grand pot de confiture

Vide

Je l’ai rempli

De ces particules trouées

Ajours

Pour fil

Boutons blancs

Ornement ancien

Étrange perlage

Serrures pour vêtement

Préserver le corps

Du froid

De la lumière

De l’œil voyeur des autres

Boutons blancs

Fleurs des champs

Confinées en herbier

Les ciels et les horizons

Contenus

Dans le cloître d’une chambre

Comme les poèmes

D’Emily Dickinson.

Et cétéra – genèse

La genèse de ce roman fut un rêve étrange dans lequel une écrivaine québécoise ouvrait un courrier en provenance de France pour y lire sur un papier au couleur et au parfum de lavande : « Je vous aimerai toujours. » Au réveil, j’ai noté l’idée sur papier.

Ensuite, je lui ai associé un notaire de mari, ennuyant comme la pluie, aux racines polonaises. Les prémices m’intriguaient. Un très bref canevas fut établi par la recherche de prénoms et de noms de famille. Le puzzle prenait forme.

En quelques jours, je me suis retrouvé avec des personnages du Québec, de France, de Pologne et d’Écosse. Cela m’a permis de me promener aussi dans le temps entre la Deuxième Guerre mondiale et 2021.

Contrairement à bien des artistes paralysés par le confinement, mon esprit était libre de créer à sa guise. Dans ce roman épistolaire écrit au printemps 2020, j’ai pu traiter aussi des dons musicaux et visuels qui se transmettent d’une génération à une autre. La génétique, c’est bien plus qu’une histoire de couleur de cheveux ou d’iris, il me semble. Nous sommes le fruit des générations précédentes et nous réinterprétons le monde dans notre siècle comme l’ont fait nos devanciers en leur temps.

Toute cette histoire s’est développée en écoutant la musique de Jean-Michel Blais, pianiste et compositeur de trames sonores pour le cinéaste Xavier Dolan. Si vous aimez la musique ou si vous souhaitez redécouvrir le roman épistolaire, un genre littéraire relégué aux oubliettes, je vous invite à lire Et cétéra qui reçoit jusqu’à présent des avis très favorables.

Extrait :

Elle prend la tête de Julien et l’appuie contre son ventre d’épouse et de mère. Elle lui murmure…

— L’amour, ça ne meurt jamais. C’est un bulbe qui tombe en dormance, mais qui se réveille et livre une fleur, grâce à un peu de chaleur.

Julien reprend son souffle à ce moment précis, embrasse la photo, pose le cadre sur son bureau avant de chuchoter sa gratitude.

— Merci d’être la femme de ma vie. Je ne te mérite pas.

Les lucioles

Au haut de la fenêtre

Rectangle sous néon

Un billet

Plié,

Un propos replié

Sur lui-même

Une confidence

Figée

Dans le temps et l’espace

Don anonyme

Aux passagers

Au loin,

Des lampadaires

Qui se la jouent lucioles

N’allez pas croire

Que ces mouches sylvestres

Avec abdomen lumineux

Ne circulent qu’en forêt

Le poète les décèle

Sur son itinéraire

Suffit de porter le regard

Au loin

Et d’imaginer

Le possible

Dans l’inaccessible.

Les mots qui libèrent

Il y a six mois environ Denis-Martin Chabot, écrivain et directeur général de Fierté littéraire, lançait un concours de nouvelles sur le thème Les mots qui libèrent afin de dénoncer la violence dans les rapports amoureux et intimes des personnes 2LGBTQIA.

J’ai participé dans l’optique d’ajouter mon grain de sel avec ma nouvelle Jérémiades. Des textes retenus en provenance du Québec et de la francophonie, il en a résulté le beau collectif Les mots qui libèrent. Je suis ravi d’être de la partie. La superbe couverture est l’œuvre du comédien et artiste visuel Jean-Benoit Archambault.

Le Bureau de lutte contre l’homophobie et la transphobie du ministère de la Justice du Québec soutient ce projet.

La vente de ce recueil aidera aux activités de Fierté littéraire. Il est possible de vous en procurer un exemplaire en contactant Fierté littéraire ou en passant par les Éditions TNT.

Bonne lecture !

La poésie, un art particulier

Fulgurance

La poésie est un art particulier dans la mesure où c’est le plus libre des genres littéraires. On peut rimer ou s’en balancer. On peut à sa guise emprunter divers sentiers, déambuler, courir, s’arrêter, contempler et l’air de rien défier le monde et ses conventions séculaires.

La poésie joue avec le lectorat et l’auditoire. Elle se découvre en solo, en duo, en groupe, tant en privé que sur la place publique. Elle se révèle au cours des festivals, sur les murs et les places publiques. Elle se lit au coin du feu ou en plein midi. Elle n’a ni d’heure, ni de lieu pour s’écrire, se dire, s’entendre et se vivre.

La poésie s’amuse avec les concepts, défie les clichés, éloigne les limites du convenu, défriche une clairière dans l’imaginaire. Elle repousse du revers de la main les certitudes d’hier pour mieux inventer le présent et tracer les pourtours du futur.

La poésie crée des images et des impressions. L’esprit de l’artiste émet ces ondes nomades que l’oreille et l’iris des badauds de passage sur cette terre saisissent, interprètent, décodent, selon un ressenti propre à chacun, chacune. En ce sens, elle est unique par sa compréhension.

La poésie effleure la peau, parfume l’ordinaire d’un brin de folie. La sensualité et les émotions sont au rendez-vous des êtres en osmose et de leurs témoins. On s’y trempe le gros orteil ou on y plonge. Tout devient possible et les éléments tangibles se métamorphosent en fulgurances dignes des lumières fractales d’un kaléidoscope ou du plus somptueux mandala. À vous de choisir.

Pour l’instant, laissez-vous porter.

Les humeurs

Copaux de bois

Crayon aiguisé

Après le tranchant

Récits qui me livrent

Bataille

Dans ma tête

S’écrit le plan

Souvent en songe

Fil d’Ariane se déroule

Et se révèlent

Personnages

En requête d’existence

Par où commencer

Par où finir

Élaguer

Développer

Mettre le papier à la corbeille

Ratures

La gomme, tout près

Parfois, une coquille par exprès

Un alinéa

Par ci, par là

Comme un soupir

Suis-je le seul

À comprendre

L’histoire

Le vécu

La trame

Les intentions

Les actes manqués

Tout ce vécu

Abandonné en marges

Larges ou étroites,

Selon les humeurs

De l’auteur.

Même la pierre s’effrite

Alphabet

Éclairant le mur de béton

Formes géométriques

Propagande médiatique

Les pour et les contre

S’affrontent

Sur le quai, les citoyens

S’impatientent

Un nouveau train

Ne saurait tarder

L’imminence du chaos

Accès aux mers

Noire, Baltique

À tout prix

Les vies valent si peu

Toute déclaration est à saveur patriotique

Un président s’exprime

À l’ennemi en russe

Un autre se confine

Dans sa maison blanche

Ou dans un bunker dans l’Oural

Un premier ministre se dandine

En visite

À l’Élysée

Nous ne savons plus trop quoi

Penser

Des gamins de onze ans

Progressent vers la Pologne

La République Tchèque

À pied

Semelles trouées

La peur dans les yeux

La faim au ventre

Faites vos jeux

Messieurs les politiciens

Que l’on remette une province

Un port

À l’occupant

Au jeu des empires

On verse toujours le sang

Des autres

On retrace les cartes

On les brasse

S’embrouillent les alliances

Les appuis ne sont plus

Même la pierre s’effrite.

Les cadres vides

Les cadres vides

Font piètre exposition

À moins que le peintre

Au teint livide

N’ait subi

La censure

D’un dictateur hautain

Je demanderais

Aux enfants de Moscou et de Kiev

Des dessins à la craie

Sur ce mur de béton

Refuge de métro

Un soleil citron

Un chien, un chat

Des fleurs

Des gamins qui jouent

À se créer des lendemains

De leurs petites mains

Entre ces pourtours d’aluminium

Laissons aux grands

Aux puissants

Le soin de se déchirer

Que les petits remplissent

Le silence

Des cadres vides.

La morsure du froid

S’illuminait la ville

En cette nuit froide et humide

De rares badauds

Hélaient un taxi

Ou vérifiaient

L’horaire d’un bus

Sur leur cellulaire

Dans un clocher

Une antenne transmettait

Signaux et messages

L’autre bus, ils l’avaient loupé

Comme on rate

Une rencontre

Comme un souper

Au restaurant

Tourne à désastre

Pour un propos

Mal interprété

Un plat

Mal assaisonné

Sur YouTube

Des balades

Au haut d’une tour à condos

On écoutait

Pour défier

La morsure du froid.

Tranquille

Fixation vraiment

Sur le bleu

Par les temps qui courent

Des ronds multiples

Dansent

Fond d’arrière-scène

Visage énigmatique

Mystère concentrique

Je tente de me concentrer

Sur nouvelle à écrire

Je n’y parviens pas

À résoudre

Ce qu’il faut éclairer

Dans le texte

Ce que tu dois noter

Dans la clarté de la marge

Ce que je devrai gommer

Réviser

Mise en scène

Mise en bouche

Mise en forme

Voix, mots appris,

Depuis la nuit des temps

Depuis l’enfance

Récités

Comme prière

Comme incantation

Comme réplique au théâtre

Tout recommencer

Tout répéter

Seul l’auteur sait

Le pourquoi de ces lignes

Inutiles

N’ayant de sens

Que pour lui-même

Le lectorat

Comprendra

À sa manière

L’envoûtement du bleu

Pour l’instant,

Je reste là,

Tranquille.

Si floral

Qu’en est-il

De ce bleu

Si floral

Pervenche

Lavande

Si intense

On s’y perdrait

Dans cette forêt

Où feuillage et branches

En un chaos

Apparemment desséché

Dans l’attente

D’une onde chaude,

Voire bouillante

Pour libérer

Effluves et couleurs,

Ici, arômes d’agrume et bleuet

Ça vous dirait du thé ?

Fumant à souhait

Chatouillant les narines

Séduisant les papilles

Qu’en est-il

De ce bleu

Si floral ?

À même la neige

Feuille-chene

Feuille

Récolte tardive

À même la neige

L’écureuil et le lièvre

Évitèrent

La dentelle végétale

Ajourée

Ciselée

Sève transformée en cuivre

Nul doute

Qu’une main finirait

Bien

Par la ramasser

Nostalgie du poète

Visualisant

Les fleurs

Sous couvert glacé

Des traces, des pistes

Indices

De la corneille

Passée par là

Pour déguster les restes

D’un merle

Un temps prisonnier sous les serres

D’une buse

Mort assurée

De leurs becs montaient

Des notes de cornemuse

Feuille

Récolte tardive

À même la neige

Le poète vous écrira

Sous peu

Des histoires divertissantes

Pour que cela vous amuse.

Box Femmes dans l’art

Box Femmes dans l’art
Une box bimestrielle
Pour les inconnues, méconnues, oubliées… contemporaines ou non
quel que soit leur art
Qu’allons-nous vous proposer tous les deux mois ?
VOIR, ENTENDRE, LIRE
 
  • Un catalogue d’artiste audio/image 
Ce catalogue est créé par nos soins via une mise en audio de l’écriture minimaliste de Denis MORIN au fort pouvoir émotionnel et l’animation de photographies des œuvres remises par les femmes artistes ou créées à l’occasion par d’autres artistes. Un QR Code à l’intérieur de la Box permet d’accéder au catalogue ainsi qu’à d’autres fichiers numériques. Possibilité de choisir un accès par clé USB avec un supplément.
Ou
  • Une biographie multimédia
Conçue et réalisée sur le même mode que le catalogue d’artiste, la biographie multimédia est proposée en remplacement lorsque ce genre convient mieux à l’art présenté.
Car il s’agit d’Art au sens large : d’arts plastiques, de la scène, de l’écriture…
mais aussi d’art d’entreprendre, de façonner, de créer…
 
Des Femmes dans l’Art à mettre en lumière
quel que soit le domaine de création où elles excellent
 
Œuvres d’Ann ROCARD imprimées au format carte 15 x 15 cm
  • Des œuvres imprimées 
Ces œuvres imprimées par notre partenaire RECTO VERSO varient en nombre, taille et présentation selon les créations envisagées induites par l’art évoqué et la femme qui l’exerce.

En option pour présenter les œuvres imprimées :
un chevalet de bois conçu et réalisé par
Denis GUILLEMAUT, ébéniste d’art
 
  • Des entretiens avec les femmes artistes, des visites virtuelles ou épistolaires des ateliers et lieux de vie 
Ces entretiens et visites sont menés par
Adeline GUILLEMAUT, Cueilleuse de mémoires.
Selon les créations, ils prennent une forme orale ou écrite.
Et l’artiste sera la surprise !
Photo d’Adeline GUILLEMAUT des aquarelles de Marie-Claude GUILLEMOT
réalisées pour la carte postale multimédia De LOWIN à LOUHANS
 
ABONNEMENT
Sans engagement
 
Un catalogue d’artiste audio/image
ou une biographie multimédia
Des oeuvres imprimées
Des entretiens et reportages
 audio, vidéo, ou sous forme d’articles

Prix préférentiel abonnement bimestriel
28 € *

*Hors frais de port de 4 € pour France et Europe

UN PROJET EN PRE-ABONNEMENT

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Le spectacle vivant au féminin soutient le projet !
Éclosion13, une association au service de l’égalité entre les femmes et les hommes dans la Culture, œuvre à la promotion des femmes artistes et techniciennes de la région Sud.

https://www.adret-webart.fr/box-femmes-dans-lart.php

Ta lumière

Lucioles-déc.

Rembrandt

Besoin intrinsèque

Des ténèbres

Pour l’éclosion de la lumière

Par les regards

Les visages éclairés

À la chandelle

Tout comme les comédiens,

Les musiciens

De l’époque baroque

Dans les ombres

La dentelle des fougères

Mortes de froid

La silhouette des arbres

Dénudés

Cadence accélérée

Ta façon de lutter

Contre le froid

Dans ta tête

Sous bonnet de laine

Transite un air de Marin Marais

Ou une fugue de Bach

Te voilà toujours en cavale

Maintenant,

Réchauffe-toi

Pose-toi là

Sur ce tabouret

En arrière-plan, la nuit

Pour qu’enfin Rembrandt

Plutôt sa descendante

Saisisse ton éclat,

Ta lumière.

Gaspard U.

Tout est allé

Si vite

L’acteur dévalant

Une pente

Sans casque

Se heurte

Clash

Choc

Des skieurs

Lui et un autre

Plus baraqué

Lui si frêle

Inconscient

Étendu sur la neige

Un merle

Sa vie défile

Comme un film

Pour lequel il reçut

Prix et hommage

Parcours sans faille

Une gueule d’ange

Une balafre

Relique de l’enfance

Un corps de rêve

La tendresse dans le regard

Des gestes qui appellent

Cette même tendresse

Ton parcours,

Celui d’un Gérard Philipe

Ou d’un Patrick Dewaere

Allez savoir

Sur la route, ambulance

Pourquoi certaines trajectoires

Sont fulgurances,

Aurores boréales

Avant la tombée du ciel

D’un rideau de scène

D’un clap bazardé

Par un réalisateur impatient

Prestement

« Coupez ! »

Nom : Ulliel

Prénom : Gaspard.

Par les rues

Le livre

Rangé sur un rayon

Un parmi d’autres

Son papier recyclé

Ou jauni

Selon sa date d’impression

Ses lignes

Maintenant pixélisées

Numérisé le récit

Robinson et son île

Miniaturisés

Proust y découvrirait

Yourcenar

Lirait Duras ou Beauvoir

Allez savoir

Jules Verne s’éclaterait

Par tant de signes

Tant de lumières

Fidéliser les usagers

Aux lieux de savoir

Résultat, citoyen.ne.s éclairé.e.s…

Mais qu’en est-il

Du savoir-être

Du savoir-vivre

Sans doute

Partis errer

Par les rues

À la pêche

D’un poisson d’avril.

Fin ou début

Fin ou début

On ne le sait plus

Se montent les échafaudages,

Les structures

On creuse le sol

On monte vers le ciel

Chaque époque

Croit gommer

Les civilisations d’avant

Monde étagé en strates

Multiplication des tours de Babel

L’éphémère a le sens du clinquant

S’y mirent les nuages

Mirages sur parois de verre

Les oiseaux s’y cassent le bec

Projectiles de volatiles

Sur les casques des travailleurs

Et les laveurs de vitre

Écoutent du disco

Diversion du vertige

Et des bourrasques

Faut bien s’attacher

Avec le cordage

Sinon tangage

Début ou fin

C’est dimanche

Et je rentre mes mains

Dans mes manches

Pour ne pas penser

À la tempête annoncée.

Accent circonflexe

Arcade sourcilière

En accent circonflexe

Très perplexe

Attente du bus

La vie nous pousse

Pourtant, passage précédent

Loupé

Comme tant de trains

Comme bien des occasions

Soudain,

Révolver sur la tempe

Estampe

Ce n’était pas prévu

À l’agenda

Son patron ne l’avait pas prévenu

Que départ pouvait si vite survenir

Main sur la gâchette

Bang, bang

La sang plus loin

Glaçage sur neige

Sordide manège

Hors cadre

Un corbeau le bec trempé

Dans le rouge

Humeurs écervelées

Pièces d’identité envolées

Une femme s’approche

Du mort

Plus rien ne bouge

Sinon sa sacoche

Achat compulsif, mais en solde

Elle verse deux gouttes

De parfum

Au cou du défunt

En guise de pleurs

Après tout,

C’est un pur inconnu

On s’émeut pour ses père et mère

Une star de cinéma

Le chauffeur de bus

Détermine

Les lieux

Zone de crime

Mesdames, messieurs,

Annulés les prochains trajets

Pour le reste de la journée

Veuillez nous en excuser

Les trajets alternatifs

Comme autant de chemins de traverse

Sont à prévoir aujourd’hui

Bonne chance,

Reprise du service demain

Merci d’utiliser

Notre transport sécuritaire.

Les relents de l’été

Raisin

Abandon sur tonnelle

Volontairement

Plus haute teneur en sucre

Les oiseaux n’ayant pas déserté

S’en délecteront

Un couvert de givre

Protection du fruit

Contre les coups de dent

Trop tardifs

Les cueilleurs sont partis

Vers d’autres cieux

Mais il y a toujours un frelon, un papillon

Un oiseau-mouche

À dessiner

Sur un cahier

Ils virevoltent

Sur les fibres du papier

Ces relents de l’été

Un col entrouvert

Une peau en sueur

Un parfum visiteur

Je me souviens

Ces perles de nectar

Au coin de la bouche

Je les avais essuyées

Du bout de la langue.

Sur haute cime

Cime

Sur haute cime

Apparence

Frêle

Anodine

Encre de Chine

Feuille

Hors saison

Elle bat pavillon

Une buse l’effleure

S’en sont allées

Les fleurs

Elle s’imagine

Couronne de laurier

À elle seule

Après toutes ces années

Mort depuis longtemps

Le lièvre gris

Le brouteur de pousse

Autrefois, le chêne

Haut de 25 centimètres

Vol d’un été de croissance

Par des dents acérées

À l’automne,

Les écureuils firent récolte

Des glands

Aux branches garnies

Se sont succédés

Le vert, le rouge, le cuivre

Valant bien

Bronze, argent et or.

Parcelle d’immensité

Parcelle d’immensité

L’élan frotte son panache

Dort l’ours

Le loup prépare la nuit

Dans ce bus,

Des voyageurs aux paupières

Ouvertes / fermées

C’est selon

D’autres lisent

On chasse le gris

Du ciel,

Comme on peut

Parcelle d’immensité

La forêt-tapisserie

Retient des mystères

En sa trame de vie

La neige

Abri

Des pierres, des racines, de la mousse

Modernité allant trop vite

Pour lire

Les traces et les pistes

Des hommes et des bêtes

Parcelle d’immensité

Entre deux buttes

Entre deux pages

L’horizon

Point.

L’œuf-coeur

À bien noter

Que l’œuf-cœur

Se couvre

D’un léger brouillard,

Ne se montre guère

Souvent

Au poêlon

Dans l’assiette

Il n’arbore son unicité

Que trop rarement

Entre café à verser

Et rôties trop grillées

Le beurre fondant

Il sera bientôt dévoré

Faut-il le partager

Ou le garder pour soi

Telle est la question

Au pied le clébard

L’œil pleurnichard

Le gémissement quémandeur

Implore

Son coin de pain

Imbibé de sang

Jaune soleil.

À vous de choisir

C’est le bleu

Qui attire

C’est le gris

Qui attendrit

On mise

Sur la couleur

Voulue

Les fissures

Sont

Pour l’eau

Ces cannelures

Creuset d’amertume,

S’y ramassent

Les cailloux

Les poussières

Les regrets

Les larmes amères

Retour au bleu

Qui élève

Le pas lourd

Et soulève

Le plus désespéré

Prière d’afficher le plus beau

Sourire

Votre masque usé, ajouré

Révèle

Une barbe-cactus,

Celle de trois jours,

Et votre rictus

Révèle le passager

Qui devra marcher

Bus bondé

Mais le prochain

Le sera moins

À vous de choisir

L’essoufflement soudain de la marche

Ou la méditation lente de l’attente.

En différé

Qui

Sera

Détenteur du dernier mot

Chauffeur

Au coin gauche

Poète

Enfoncé dans son siège

Tous deux chauves

Chauffards

À la dérive

Sur une côte de bitume

Qui

Contemple

Vraiment

Soleil radieux

Avalé par / émergeant de

Canopée

En bordure d’autoroute

Je te cherche

Tu me textes

Prétextes

Raisons

Tu es en différé

Pourtant

Ma foi

Nous logeons

Au même fuseau horaire

Il est souvent

Plus facile

D’interagir

Avec l’étranger

Plutôt qu’avec un intime

Qui

Sera

Détenteur du dernier mot

Et toi,

Tu te berces

Dans tes illusions

Dans tes points de suspension.

Du panache

Il a du panache

Ce chêne

Debout

Au jardin arrière

Éclatant

Sous le verglas

Paré d’argent

Et de cristal

Belle livrée

En attendant

Un soleil moins timide

Une météo moins humide

Il a du panache

Ce chêne

La nuit dernière

Des lièvres mangeaient

À son pied

La nuit dernière

Je rêvais à tes bras

Pendant que soufflait

Un vent violent

Et que s’animaient

Des ombres virevoltantes

Dans l’air

À vous arracher un toit

Tu déambulais justement

Dans mon esprit

Insaisissable

Reconnaissable

Parmi la foule

La main je te tendais

L’indifférent, tu jouais

Moi, toujours inquiet

Je n’y peux rien

C’est fou

Comme ton regard

Me transperce

Me terrasse

Car tu as aussi du panache.

Perspective

Tout avait commencé

À l’heure avancée

Veille d’un lendemain

De verglas

Avait-on annoncé

Marche lente

Dans une banlieue dortoir

Délaissés les grands boulevards

De la grande ville

Et les bruits lointains

Juste le temps de rentrer

Par autocar

Sagement

À la maison

Lire, s’endormir,

Demain entre vaisselle et lessive

Écrire

Voir cette journée s’enfuir

Comme si elle n’avait pas existé

Ces lucioles électriques,

Relents d’enfance

Inévitables madeleines de Proust,

À la hâte, cadeaux déballés

Visages ravis

Ou désappointés

Tout est question de perspective.

La plongée

Il répète

Machinalement

Les gestes d’avant

Les noces

Après

Une page blanche

Amnésie totale

Les visages,

L’épouse et les enfants

Lui semblent familiers

Des prénoms fourmillent

Au bout de la langue

Mais le mutisme le prend

Parfois, ces êtres

Ce voisinage signifie le danger

Alors, il se démène

Bascule les chaises

Déchire la chemise

Ou l’alaise

Mord la main qui veut l’apaiser

Si cette dérive se poursuit

Faudra le placer

Dans un établissement

Sangles et tranquillisants,

Le tout fourni

En position fœtale

Il fredonnera dodo l’enfant do…

Fin du scénario

Il repartira de là

Tôt ou tard,

Les pieds devant

Le médecin avait

Établi sur un feuillet raturé

Un pronostic,

Document égaré

Depuis longtemps,

Celui de la plongée dans l’oubli.

L’arbre-phare

En saison ordinaire

Comme si les saisons peuvent

Être banales

Elles ne le sont que très rarement

Cet érable à sucre serait commun

À peine le remarquerait-t-on

Décoré de ces étoiles bleues

Il se métamorphose

En arbre-phare

Sa structure porte clarté

De loin comme de près

Il a fière allure

Il apporte magie aux petits

Et du baume sur le cœur

Aux plus grands

Retombés en enfance

Le temps d’une promenade,

Le temps d’une sérénade

Hier, nous avions dix-huit ans

Maintenant, cinquante

Ou trois fois vingt ans

Nos rides s’estompent

Sous la joie puérile

Procurée par cet arbre-phare.

Peau de porcelaine

Peau de porcelaine

Tu y as déposé tes lèvres

Légèrement gercées

Qui goûtent le sel

Rarement le miel

‘’Non, je sais

Tu les veux absolument

Au miroir,

Tes œufs

Sans le soleil crevé’’

Doux taiseux

Deux gouttes de café

Ruissellement en surface

Elles ont séché

Comme deux larmes

‘’Un homme, ça ne pleure pas’’

On nous l’a dit

Parmi tant de clichés,

De banalités

Mais tu as pleuré ton chat,

Celui apprivoisé

De la plus obscure ruelle

Porte refermée

Après un p’tit déj trop vite avalé

Le chien renifle ton odeur

À présent

Partout

Où tu es passé

De l’entrée à la cuisine

En te nommant

Il se met à gémir

Appel

Comme on veut revoir

Surgir

L’ami

L’amant

L’amour.

Hors saison

Elles ont cru

Au jardin

Les roses

Je les pensais mortes

Fanées

Gelées

Sous un couvert de neige

À ma pensée

L’été s’était désagrégé

Puis à ma vue

Elles se sont dessinées

Contre gris métallique

Et jaune sécurité

À même un sac en toile cirée

La passagère

Y avait sa vie

Clef en main

Un présent à crédit

Pourtant, j’ai toujours cru

Que les roses

Ne devaient pas

Être hors saison.

Wilson, père et fils

Monsieur Wilson

Fit carrière

Dans la taille de pierre

Il l’extrayait

Rugueuse à souhait

Puis la polissait

Pour exercer sa patience

Monsieur Wilson

Eut un fils

Unique

Déshonoré

Car ne voulant pas

Se transformer en gisant,

En industriel monument

Fiston préférait le pinceau

Et le ballet

Le descendant

Glissait les soies sur toile,

Glissaient ses pas

Sur le sol usé

Il chorégraphiait sa vie,

Père suivait

Le carnet de commandes

À chacun son devoir

Par ironie du sort

Monsieur Wilson mourut

Le fils exposant

Ses toiles à Londres et à Dublin

Son corps élancé

Sur les planches d’une scène parisienne

À son retour à Montréal

Le fils pour narguer

La mémoire du père

Appliqua une bavure bleutée

Crachat ou baiser

C’est selon

Sous le nom Wilson,

Père et fils

Étrangement réunis.

Leonard C.

Leonard C.

Face au musée

Surplombe la ville

Les femmes de sa vie

Sa mère

Les bonnes

Les amantes

Ne l’attendent plus

Il n’est plus en tournée

Il n’est plus le don juan passager

Il dort sous la pierre

Des monuments à sa mémoire

On pourrait élever

À Tel Aviv

Sur les plages avec vue

En mer Égée

Et ce portrait immense ravive

La nostalgie

Sa voix grave

Son chapeau incliné

Écoutons ses chansons

En reprise

Prolongement de sa voix

Leonard C.

Face au musée

Surplombe maintenant la ville.

Clémentine

Ligne en apparence

Anodine

Clémentine

De sa main tremblante

Versement

De ce rose-évasion

De ce rose-Piaf

Sa ligne de rêve

Son sillon de vie

Tout ce dont elle voulait

Résidait

En ce sillon clair

Sur granit noir

Presqu’une prière

Une incantation

Voire un cri

Étouffement

Elle n’en pouvait

De l’hiver

De l’enfer

Des rues

Déchéance

Elle s’est saignée

Bouteille de vodka

En guise de témoin

D’agonie

Un éclat au poignet

Son corps on a transporté,

Non réclamé

Fosse commune

Un employé du métro

Récure

Mais la trace perdure

Du rose-Piaf

De Clémentine

Quelque part

Au coin des rues

Sanguinet et Sainte-Catherine

Une lointaine cousine

Fredonne…

Padam, padam…

Et si…

Et si…

Feuille sèche

Était plus

Que nervures

Et cellules flétries

Et si…

Vaisseau déserté

S’avérait chrysalide

D’un printemps

Et si…

Feuille tombée

Gommait l’annonce…

Hiver !

Et si…

Derrière l’apparence du moche

Vous faisiez votre cinoche

Et si…

Sous ce repli végétal

Je voyais sculpture

Vie plutôt que mort

Et si…

Votre lassitude

Se tintait d’amplitude

D’ondes voyageuses

Et rêveuses…

Et si…

Vous me disiez…

L’observateur muet

À des touches de piano

Blanches et noires

L’ébène en évidence

L’ivoire en arrière-plan

Elles en ont l’allure,

Les chaises

Voyez les dos ajourés

Qui jouent du coude

Puis sur pause, ces ossatures

Inquiètes

Songeuses

À la recherche de voyageurs

Égarés

Esseulés

Entre deux départs de train

Sur un panneau électronique

Villes annoncées

De Toronto à Halifax

En passant par Québec

Heures et retards indiqués

En retrait

Un observateur muet

Boit son Earl Grey

Seuls le distraient

Une femme gracile au blouson de cuir noir

Un homme massif en kilt au tartan vert.

Les passantes

Au petit matin

Elles vont les passantes

Presque main dans la main

Complices

L’or chu au sol s’éveille

L’une d’elles

Portable à la paume

Répond par clarté

Au réverbère

Aussi doré que feuillage

Le poète marchant derrière

Les épie

L’une d’elles

Rit

S’exclame

Enjouée

Sa voisine est plutôt taciturne

La première jacasse

L’autre écoute

Soucieuse de la route

Du parcours

D’un chauffard

On ne sait jamais

Au petit matin

Elles vont les passantes

Le poète les imagine,

Gamines

En direction de l’école

Manches longues

Et cartables

Leçons apprises la veille,

Craintives d’échouer une dictée

Ou un calcul tarabiscoté

De chiffres

Au tableau vert forêt

Juillet

Marguerite, rose, dahlia

Dans l’herbier de l’une

Novembre

Cartes de hockey à échanger

Dans le sac à dos de l’autre…

Au petit matin

Elles vont les passantes…

Points de suspension

À toi, l’absent,

Le retardataire

L’oublieux

Des rendez-vous

Des anniversaires

J’ai l’air ridicule,

Funambule

Lunaire

Comme ce dessin

Si puéril

Tracé d’une main

Hésitante

À toi, qui me laisse

Sans voix

Silence radio

Se rafraîchit l’air

Il me faudra rentrer

Longues minutes

À contempler

Les clochers

Les outardes

Les nuées

Même le bus est en retard

Attente pour rien

Texto en points de suspension

Les excuses seront pour demain

S’il y en a.

Jardin improvisé

PontJC

Se cueillent les roses

Sur les phares

À même les structures

Métal et grâce

Jardin improvisé

Au soir tombé

Dans l’Est

Si souvent dénigré

Des enfants riaient

Enlacés par les bras

De parents aimants

Se cueillent ces petites choses

Au sortir d’un bus

L’air hagard

Se dissipe le cafard

Roseraie étalée

Par on ne sait trop

Quel hasard

Sur les trottoirs

Parfum du diésel

Fleurs tardives

Macadam qui luit

Sous la pluie

Le gel saura bientôt

S’inviter.

Une brise

Un parvis

D’une autre époque

Recouvert de pavés neufs

Si gris

Se mariant au calcaire

Aux grands airs

D’un clocher

Avalé par une université

Les estudiantines semelles

Y usent

Leur lourdeur,

Cartables et esprits bourrés

Un SDF s’abrite

Spontanément

Sous l’arcade

Sourcilière

Il remet en doute

L’ordre social établi

Personne ne l’attend

À sa table

Depuis si longtemps

Il ne reconnaît plus

Le goût d’un pain frais

D’un bouillon chaud et salé

Une brise dans ses cheveux

Un ange est passé

Et lui sourit

Dans l’ambre d’un vitrail.

Le chant des baleines

Herbes hautes

Ayant sauté

Clôture de pépinière

Au gré des vents

Pass sanitaire

Envolé

Estompées les frontières

Les eaux

Se dandinant

Frétillant

Comme anguilles

Entre le doux et le salé

Fleuve gagnant la mer,

Estuaire

Ton visage

Par-delà les herbes hautes

Rougeoyant

S’en est allé l’été

Comme toi

Par-delà les herbes hautes…

Je t’imagine

Point sombre

Fils des Pyrénées

Avalé par l’estuaire,

Ossuaire

Des baleines

Tes ancêtres,

Les Basques retournés

Depuis longtemps

Rangeant filets, harpons

Éteints les lampadaires

À peine audible le chant des baleines.

Par fibres et lettres

Souris grise

C’était souris grise

Sur une allée bétonnée

Paniquée

En vue nulle issue

Un chat rodait

Pupilles brillantes

Les incises

Déjà rutilantes

Un passant

Plia journal

Fit voilier et vague

Souris grise

Surprise

D’être transportée

Par fibres et lettres

Prit la clef du jardin

Le chat resta

Sur sa faim

Le passant

Réjoui

Répara

Face à la vie

Une tragédie,

Le petit

Brisé

Rompu

Si souvent

Par mégarde

Sous la semelle

Du grand.

Danser déjà l’été

Deux sumacs vinaigriers

Légers

Plumes d’aigrette

Jumeaux poètes

Surplombant

Le cassis après récolte

Déployant

Grâce et beauté

Devant

Les cèdres muets,

Nids de tant

De passereaux

Deux sumacs vinaigriers

Déambulant

Sur des pointes

Par les racines

Ils se multiplieront

Surgeons

Maintenant

Tournés au rouge

L’émondeur de haie

Faucheur d’élégance

Est passé

Au printemps,

Deux sumacs vinaigriers

Repousseront

Et danseront déjà

L’été.

Horaire en différé

Noir sur blanc

Blanc sur noir

À l’iris

Le bleu s’affirme

Tout de même

Le thé fumant

Bientôt servi

La viennoiserie

Déjà craquante

Sous la dent

Salle des pas perdus

Devant

Train

Horaire en différé

Toi,

Toujours en retard

Si prévisible

Moi,

Si pitoyable

Dehors,

Rougissent les érables

Dedans,

Seul à ma table

On passe sa vie

À (s’)attendre.

Des ronds de jambe

Vitraux-MFerron

Les danseurs

S’échauffent

Appui à la rampe

Comme barre

Font des ronds de jambe

Comme des gamins

Projettent pierre

À l’extérieur

Pour tracer

À l’improviste des ronds dans l’eau

Se mirent les oiseaux

Reflets mouvants

Verrières de Marcelle Ferron

Soudain, Graciel-a

Divise les danseurs

Monte en toute hâte

Graciel-a prend son envol.

L’îlot du renard

Voici un îlot

Muni d’un poteau

Touche électrique

Pensons plutôt

Au mât d’une goélette

Amarrée

Au milieu d’un lac

Peu profond

La végétation ayant absorbé

Les voiles

Histoire de s’ancrer

Dans le paysage

Le train file

Le passager capture

Le singulier îlot

Chacun comprend

Selon le bout de sa lorgnette

Voici un refuge

Un subterfuge

Prière de ne pas déranger

Le renard

Prisonnier sur cet îlot

Après le retrait des glaces

Il guette

Le passage des oies

Il en saigne une

De temps à autre

Le carnassier se repaît

Et le duvet arraché

Aux os

Convient aux oiseaux nicheurs

De la fragile canopée.

Spirale de cahier

Nuage

Spirale de cahier

Destinée au recyclage

On en fit

Avec des doigts malhabiles

Un nuage

Une aile d’ange

Une mésange

Que sait-on

Du métal torsadé

Jusqu’où termina-t-il

Son envolée

Volutes

Folles arabesques

Qui relaient

Des aventures livresques

Des péripéties

On cogitait un roman en devenir

Des poèmes

Des nouvelles

Sous l’aspect régulier

De la spirale du cahier…

Des fleurs et des lettres

Cinéma

La vie

Étrange salle de cinoche

Scènes exaltantes

Scènes moches

Aussi

Spectateurs et voyeurs

Nous sommes

Acteurs de notre destinée

En somme

La vie

Tu te souviens

Jeux de nos regards

Au feu

De circulation

Tu promenais ton chien

Des courses

Je revenais

Chargé comme mulet

Sourire échangés

Numéros vite notés

Sur papier froissé

Mon portable, à la charge

Et le tien, brisé

La vie

Étrange salle de cinoche

Dans ta boîte aux lettres

J’y ai glissé

L’amant de Duras

Clair, le message

N’est-ce pas

La vie

Étrange salle de cinoche

Au café

Tu m’as donné

Comme répartie

Mémoires d’Hadrien de l’autre Marguerite

Décidemment, nous aimons

Les fleurs et les lettres.

Ella, Nelly, Simone et Billie

Chanteuses-blues

Des doigts

Elles claquaient

Et ça faisait tac, tac, tac

On s’évadait par la rythmique

Ça faisait déjà chic

Futur quartier gentrifié

À l’ombre des tours

Ça provoque le choc…

De retour à la musique,

Ella, Nelly,

Simone et Billie

Chantaient

Pour se rendre à l’usine

En septembre

Se divertissaient et bossaient en quatuor

Le vendredi

Dans un club de jazz

Il fallait nourrir les petits derniers,

Les écoliers

De la famille

La voix, on donnait

Aux Montréalais,

Aux touristes

De passage

Au temple,

Le dimanche

Le gospel s’élevait

Puis vers leurs humbles demeures

Elles s’en retournaient

Ella, Nelly,

Simone et Billie.

Et personne d’autre

Nuages

Pénélope voulait

Son Ulysse

Qui tentait

D’échapper

Aux charmes de Circé

Pénélope tissait

Inlassablement

Sur son métier à tisser

Les prétendants

Pouvaient bien

Tendre l’arc

Et les muscles

Les yeux elle détournait

Quand bien même

La beauté de la chair

Si le cœur a déserté

La couche

Si le cœur a levé

Les voiles

Pénélope voulait

Son Ulysse,

Lui et personne d’autre

Pour sécher ses pleurs.

Je passais par là…

LuneBleue

Migration lunaire

Du ciel

À l’horloge

Sur boulevard

Spectacle singulier

Pour banlieusard insomniaque

Je passais par là

Ouvriers de gare

En pause nocturne

Demain, dossiers diurnes

À traiter

Ultimatum de l’automne

À la corbeille, le masque

Je respire enfin

Quand voisins endormis

Quand outardes assoupies

En bordure de lac

Coyote peut bien gambader

Sous la canopée obscure

Du boisé.

Camille, Paul et Jean-François

Planete-satellite

De terre ordinaire,

Jamais rare…

Je vois Camille C.

Les mains maculées

D’argile

En bordure de Seine

Et Paul, son frère,

Dodelinant lui aussi

Son imaginaire…

Théière marron

Ronde comme globe

S’amuse

Infuse thé aux bleuets

Breuvage aux myrtilles

Plaît-il !

Parfum discret

Et la bille

De l’ami Jean-François

Se divertit

Incarne

Le satellite marbré

D’une éventuelle exoplanète…

Cassandre

Murale

Ton visage

Sur mur de briques

Sourire de libération

Mais regard inquisiteur

Entre fleurs et nuages

De quoi sera fait demain ?

Tu es ma sœur, mon frère

Armes et barbelés

Ne servent à rien

Larmes et ségrégation

Aux mots ciselés

Ne sèment rien

Sauf désolation et sang

Tu l’as toujours su

Depuis la nuit des temps

Ton visage

Énigmatique

De quoi causera-t-il demain ?

Au petit matin

Letunnel

Ce tunnel

À l’éclairage doré

Contient

Ses secrets

Ses histoires

Le poète l’a parcouru

Décodant les ombres

La rumeur des voitures

Frôlant

Les murmures

Des passants

Très pressés

Par l’horaire

Travail, boulot, métro

À ne pas louper

De l’autre côté

D’un boulevard

À la sortie du tunnel

Le copain

Avec qui boire un bière

Le nouvel amour

Avec qui boire le thé vert

Parfumé au jasmin

Au petit matin…

Les mots en boustifaille

Pommierfleuri

Nous marchions

Sous les pommiers fleuris,

Ceux de mai

Nous étions

Amants

Amis

Amours¸

Avons-nous besoin

De tout définir

Nous montions

Sur la colline

Nappe dépliée

Déjeuner sur l’herbe

Enivrés

Heureux

D’une beauté insouciante

Vêtements défaits

Un trèfle à quatre feuilles

Trouvaille

Entre maints poèmes d’Apollinaire,

Les mots en boustifaille.

La mangrove

Mangrove

Ouvrier sur échasses

Grues métalliques

Avancée lente

Bordure symbolique

Je vois une mangrove

Dans le Mékong

Duras m’obsède

En contrebas

Poissons-citoyens

Voyageant

En aquarium

En autocar

Aux vitres teintées

J’en suis

J’assume

Ma périphérie

De banlieusard

Je rêvasse

Direction la première couronne

Étalement urbain du corps,

Le mien

Sur dossier incliné

Basculé vers l’arrière

En hauteur et en profondeur

La modernité.

Le contenu du coffre

Ancien-moderne

Peu il faut

Pour distinguer le vrai du faux

Une pierre

Pas de la fibre de verre moulée

Maquillée

Pas de trompe-l’œil

On veut du vrai

Pas du toc

Derrière la pierre de taille

Je vois

L’homme lissant

Moustache

Le mari faisant tache

La belle convoitée

Buvant son xérès

Pour la soirée

Elle sait qui choisir

Pour la nuit,

Elle bouchera ses oreilles

Pour atténuer les ronflements

Jouons du coude

Pour que le mari se tourne

L’amant patiente

Derrière le paravent

Il convoite la douce

Et ses dentelles

Le poète rédige

Poème insensé

Rejoignant son amant

Derrière le paravent

La belle s’offre

L’amant s’intéresse

Au contenu du coffre

Les deux corps

En ombres chinoises

Passe-temps

Du mari cocu

Mais perspicace

Testament déjà modifié

Demain, il se suicidera

Devant le tramway

Elle n’héritera

Que de centimes

Et de roses fanées

Et de l’entrain

De l’amant fougueux

Pourtant comme elle,

Désargenté.

Écrire ailleurs

Vigne-liane

Vigne longiligne

Traversée du vide

Après la pluie

Une vrille s’étire

S’enroule

Accaparement

Ancrage

Personne ne l’avait invitée

La chaise reposait

En terrasse

Le poète pressentait

Une expérience

Un vivarium claustral

Le vivant vs l’inerte

La sève et la chlorophylle

Cheval-vapeur du végétal

Emprise

Méprise du poète

Devant lever le siège

Confiant au vivant

Le temps d’un été

Barreaux de teck

À l’étreinte et à la lumière,

Il ira écrire ailleurs…