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Il y a de l’am… dans tout ça

Il y a de l’am…

Dans ces draps qui se meuvent

Sous la gravité du désir

Par ces oreillers

Qui ne savent plus donner

De la tête

Sous les ébats

Les jeux de paumes

Il y a de l’am…

Observons ces rides

Ces plis

Dans les replis

De nous-mêmes

Vestiges en quelque sorte

De nos amours mortes

Traces

De notre renaissance

Le cœur pulse le sang

Et la fougue nouvelle

Il y a de l’am…

De nuit comme d’après-midi

Le rosé est au frais

Ta peau est au chaud

Entre mes bras

Il y a de l’am…

Dans tout ce fouillis apparent,

Puis tu t’es endormi là

À portée de murmures

Et je n’ose plus trop bouger

Cultivant avec toi

La quiétude et la tendresse

Il y a de l’am… dans tout cela.

© Texte, Denis Morin, photo par ce quelqu’un, 2023

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Au jardin

Il s’est promené

Au jardin

L’amour

Sur ses deux pieds

Le visage amusé

Derrière ses verres

Étaient-ils mauves ou bleus

Cela importe peu

Il s’est promené

Au jardin

Mille questions

En tête

Derrière le sourire

Derrière le soupir

Une envie de conquête

Juste

Le souhait d’être heureux,

Passant du je au nous

Il s’est promené

Au jardin

L’amour

Avant de reprendre la route.

© Photo, texte, Denis Morin, 2023

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Au petit marché

Au petit marché

Des fleurs il achète

Il ne sait pourquoi

En lui monte cette joie

Au petit marché

Des corolles l’enjôlent

Du blanc, du rouge

Du mauve, de l’oranger

Au petit marché

Il opte pour ce lys d’Asie

Si vibrant de vie

Il le dépose dans un sac bleu

Ça ravira ce quelqu’un

Qu’il apprivoise

Les couleurs sont du baume

Sur la solitude

Les fleurs parlent

D’elles-mêmes

Un léger sourire,

Un conseil d’arrosage

Au petit marché

Des fleurs il achète

Pour ce quelqu’un

Qu’il apprivoise.

© Photo, texte, 2023

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Comme rivière

Brouillard dehors

Brume en dedans

J’ai versé du Baileys

Dans le bol à café

Un nuage de plus

Pour égayer mon naufrage

Brouillard dehors

Brume en dedans

Vers qui, vers quoi

Iras-tu

Les bras tendus

Les ailes du cœur ballantes

Brouillard dehors

Brume en dedans

Nous dégelons

Du si long hiver

Avec l’envie de vivre

Comme rivière.

© Photo, texte, Denis Morin, 2023

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Travestie de bonheur

Elle est où

Cette folle

De Chaillot ou d’ailleurs

Perdue rue Berri

Rue du Cherche-Midi

Arrivée là

Par de multiples détours

Égarée rue de la Commune

Elle est où

Cette trouvère ignorée

Aux droits bafoués

Cette passagère

D’étranges métros

Travestie de bonheur

À minuit

Elle est où

Cette survoltée

Cette disjonctée…

Mais là-haut

Assise

Perchée

Sur un rayon

De la roue bleue.

© Photo, texte, Denis Morin, 2023

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Sur cette terre

Rose en son cloître de pierre

Qui ne compte plus les heures

Entre sa création

Et son érosion

Pour le feuillage l’entourant

On hésite à définir

Feuillage de pissenlit

Fleurs de lys stylisé

Pointes de hallebardes

Symboles militaires

Ou héraldiques

Dont on perd le sens

Le nord

Rose en son cloître de pierre

Nous y marchions autrefois

Confession

Prières

Ayant les nuages et la rosée du matin

Comme objets de méditation

Rose en son cloître de pierre

Aux pourtours

Je devine ton nom

Ton souffle

De passant

De pèlerin

Sur cette terre.

© Photo, texte, Denis Morin, 2023

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Comme une chanson de Françoise Hardy

Lettre morte

Retirée

De l’enveloppe

Blanche et bleue

C’était pour tes yeux

Froissée en son milieu

Jetée aux oubliettes

La missive

La consigne

Le conseil

Le mot d’humour

Le mot d’amour

Pour qui

Pourquoi

L’auras-tu jamais su

Plus que moi

Ce qu’il faut dire

Ou taire

Ou laisser braire

Elle était là

Cette enveloppe ouverte

Offerte

Dans cette entre-saison québécoise

Comme une chanson

De Françoise Hardy

Comment te dire adieu.

© Photo, texte, Denis Morin, 2023

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Le long corridor

Long corridor

Menant vers qui

Vers quoi

Isidore

Miranda

Estelle

William

Et tant d’autres encore

Y marchèrent

En quête d’une destination

En recherche d’une réponse

Long corridor

Où le clair et l’obscur

Y cohabitent

Les ombres et la lumière

Long corridor

Emprunté

Entre deux points

Trait d’union architectural

Entre l’ancien et le nouveau

Maria allait se marier

Gustave se séparer

Le temps d’un regard

Et si on jouait avec le destin

Comme on recueille

Dans une paume

Comme on repousse

Du revers de la main

Long corridor

Jean-Pierre traîne sa misère

Sous ses haillons

Dans ses sacs percés

Julie mène maintenant

Ses petits à la garderie

Ses chéri.e.s tant espéré.e.s

Dans les yeux du mendiant

Elle reconnaît son frère

Retrouvailles de gare ferroviaire

Nous sommes maintenant

Mais que savons-nous vraiment

D’hier

Et c’est d’autrefois vers demain

Que se tendent des mains.

© Photo, texte, Denis Morin, 2023