Les ciels des peintres

Les ciels des peintres

Nous font des yeux doux

Tandis que les cieux

Évoquent pour nous

La Mère-Patrie, le Pays

Et pour vous,

Le Paradis

Les ciels des peintres

Sont des rêves d’enfant

Des remous

De l’écume

Dans une rivière

Suspendue

Sous les étoiles

Et le soleil

Et la lune

Les ciels des peintres

Sont touches de peinture

Nostalgie française

Ligne d’horizon anglaise

Par-delà les falaises

On entend les rugissements

De la mer

S’élèvent les pleurs

Implorent les peureux,

Surtout les malheureux

La Manche engloutit

Les marins dans ses manches

Et les oiseaux crieurs

Réclament leur pitance

Derrière les bateaux

Et les gamins rieurs

Réclament l’errance

Au sortir des berceaux.

 

© Photos, texte, Denis Morin, 2020

Vers le Haut

GrueCentre-ville

Nous sommes

Nous évoluons

Nos vies parallèles

Nos regards

Obliques

Évités

Face à face

En somme,

Nous évoluons

Dans une mouvance

Constance

Des étoiles

Des itinéraires

Des constellations

Mouvements giratoires

Élévation

Nous sommes

Esprits

Appelés

Vers le Haut

Que l’on le veuille

Ou non

Tandis que le corps

S’enfoncera dans le sol meuble

Sous les immeubles.

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2020

 

Comme tortue…

Boule&bol

Bol à café

Bol à soupe

Bol à pâtes

Renversé

Pour former

La carapace d’une tortue

Sur laquelle le monde

Évolue

En couches multiples

Le poète imagine

Ce que d’autres ne voient pas

Cosmogonie

De cuisine

Vestiges de Chine,

De l’Inde

D’un savoir amérindien

Le poète s’incline

Face aux méridiens

Aux fuseaux horaires

Il bat retraite

Ou va son chemin

Si lentement

Qu’on ne prête guère attention

Aux tortues

En voie de disparition.

 

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2020

Entends-moi bien…

Ecorce

Il suffit

D’un mot

Pour que tout se change

En bruit / en son / en silence

En bénédiction

En mal / en bien

En offense / en pardon

Je reste sur ma faim

Tu restes sur ta fin

Il suffit

D’un mot

Pour que tout se change

En musique / en louange

En souhaits / en prière

En obstination / en compromis

En bonne entente

Il suffit d’un mot

Tracé sur l’écorce

En des nuances mousse et lichen

Pour que tout se change…

Que les ténèbres cèdent à la lumière

Entends-moi bien…

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2019

 

 

 

 

 

Ma petite musique intérieure

Mes livres

Je ne sais pas trop pour qui j’écris… Pour l’instant, j’ai le plaisir de m’exprimer. J’ai commis un polar, deux pièces de théâtre et de la poésie biographique tant d’artistes des variétés que des mystiques. Je suis très éclaté dans mes coups de cœur. Camille Claudel se cache sur un rayon de ma bibliothèque, tandis qu’Auguste R. se promène à Meudon.

Dans les prochains mois, j’annoncerai la sortie de mon recueil de poésie biographique sur la singulière Marguerite Duras. De plus, certains de ces titres seront repris en audio par Adret Web Art, un duo de concepteurs sonores aux belles voix, avec qui j’aime beaucoup travailler à différents projets.

Dans le bleu derrière mes bouquins dorment les premières pages de mon prochain roman que je souhaite avoir terminé à l’aube de 2020 pour parution en 2021.

En fait, je mène mon écriture, selon ma petite musique intérieure. Voilà où j’en suis dans ma vie littéraire.

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2019

Claire d’Assise, hymne au Créateur

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Il est bien étrange comment une histoire d’amitié avec un personnage historique survient dans notre vie.  Sainte Claire d’Assise est fêtée le 12 août.  Or, ma sœur cadette est née en la Sainte-Claire et l’une de mes sœurs aînées possède Claire parmi ses prénoms.  Quant à moi, c’est en lisant sur le Pauvre d’Assise que j’ai vu apparaître Chiara Offreduccio di Favarone (1194-1253).

Dans un premier temps, j’écrivis en 1993 une pièce de théâtre (non publiée) intitulée La dame aux cailloux, tout simplement parce que Claire avait l’habitude de réciter des patenôtres avec des cailloux.  Cette pièce fut jouée une trentaine de fois de Rivière-du-Loup à Ottawa.

Vingt ans plus tard, Claire me revenait à la mémoire.  J’ai alors annoncé aux Clarisses de Valleyfield, en banlieue de Montréal, mon intention de reprendre la marche en poésie en Ombrie.  Elles m’ont soutenu à leur façon par leurs prières.  À mon tour, je me suis mis à genoux intérieurement pour écrire Claire d’Assise, hymne au Créateur.

Fait à noter qu’elle fut la première femme à fonder une communauté religieuse dans l’histoire de la chrétienté.

Les titres des poèmes de ce recueil vont comme suit :

Si temps je perds

Les cailloux

En plein midi

Ostensoir

François

Privilège de pauvreté

Pierre d’assise

Ma sœur la lune

Les cinq Plaies

Une truite du Topino

Ma sœur l’eau

Si cela chante à Dieu

La fuite des mercenaires

La bénédiction du pain

Le cep et la paille

Le plus beau des mariages

Il chiostro (le cloître)

Nativité

Bientôt, je m’en irai

À vous, mes sœurs.

Pour clore ce temps de parloir, Claire me permet de vous livrer un extrait de Ma sœur, l’eau :

« Ma sœur l’eau,

Baptise ou frisonne sous le vent

Devient parfois neige, glace ou vapeur

Transforme le jeûne en banquet

Car elle reflète la lumière du Ciel. »

 

© texte et photo, Denis Morin, 2018

 

Édith Stein, triptyque

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En poésie biographique (fusion deux genres littéraire, la biographie et la poésie), ce sont les personnages (sur lesquels on aura à écrire) qui nous invitent plus ou moins subtilement, nous guettent, nous saluent dans les rayons d’une bibliothèque ou par le biais d’articles spécialisés.

Par exemple, j’ouvre une revue d’histoire où l’on traite de religieux nés dans le judaïsme convertis au catholicisme qui terminèrent leur destinée terrestre dans les chambres à gaz d’Auschwitz-Birkenau.  Parmi eux, le nom d’Édith Stein (1891-1942) attire mon attention.  Pourtant, Stein est chez les Juifs ashkénazes est aussi commun que le patronyme Tremblay chez les Québécois ou Dupont pour la population française.  Ma curiosité me fait découvrir une femme singulière et plurielle : philosophe, enseignante, conférencière, polyglotte, traductrice, féministe, puis carmélite.

L’impact le plus important qu’elle eut ne fut pas celui de l’intellectuelle féministe dont on publia les traités sur l’éducation et autres ouvrages savants après sa mort, mais ce fut plutôt par son attitude.  Elle encourageait ses élèves, forma des Dominicaines, intercéda aux jours sombres du nazisme et devint un ange de compassion auprès des voyageurs, victimes de la Shoah.

À travers ce recueil Édith Stein, triptyque, je dépeins sa vie, le milieu philosophique du temps (elle était disciple d’Edmund Husserl, concepteur de la phénoménologie), les Carmels de Cologne, en Allemagne, et d’Echt, en Hollande.

« Plus près de notre époque, des témoins rapportèrent

Avoir vu une fascinante carmélite et sa sœur Rosa

Avec une étoile jaune en guise d’identité ainsi elles allèrent

Malgré la mort à l’orée tant de Lumière divine émanait de ces visages las. »

 

 

© texte et photo, Denis Morin, 2018

 

Les salutations de Mariam

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Il arrive parfois qu’un personnage historique sur lequel on écrit nous habite et nous accompagne au-delà du point final.  On a développé une complicité telle que cet être devient un proche qui se manifeste à nous de temps à autre.

Prenons le cas par exemple de Mariam Baouardy, deux semaines après la parution du recueil, je vis en songe une moniale, plus précisément une carmélite à voile blanc (voile de tourière) au teint basané s’élevant dans le ciel.  La scène prit une allure solennelle.  Elle portait couronne d’épines et souffrait des stigmates du Christ.  Elle ouvrit les bras, inclina la tête sur la droite, puis les épines enfoncées se métamorphosèrent en une volée de colombes.  Ce songe, je le fis à deux reprises à quelques nuits d’intervalle, nullement effrayé de cette vision.

Puis, je communiquai par courriel avec une carmélite (personne-ressource) du Carmel de Bethléem (voir le billet antérieur sur Mariam), en prenant soin de bien lui décrire la scène comme si nous étions au théâtre et que Mariam fût sur les planches.  Ma correspondante me rassura en me disant que j’avais bénéficié de la visite de la sainte qui se manifestait ainsi à certaines de ses consœurs cloîtrées.  Par conséquent, je devais me considérer privilégié.

Somme toute, écrire sur elle fut une suite d’instants de grâce.  À sa façon, Mariam m’avait manifesté tout simplement sa gratitude.  Je pense à elle souvent.

Notre-Dame du Verbe ou Architecture d’une âme

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Depuis aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours été fasciné par l’architecture cistercienne pour ses murs de pierres lisses, ses colonnes aux chapiteaux sans ornementation, ses claires-voies qui laissent traverser la lumière du jour dans un bâtiment, au gré des heures.

Par un beau matin, je me suis lancé le défi – utopie me direz-vous – de cerner en une trentaine de poèmes ce courant monastique qui perdure encore de nos jours.

Tout au long de ce recueil écrit en écoutant la musique du compositeur estonien de musique contemporaine Arvo Pärt, je raconte le parcours d’un jeune homme qui entre dans cet ordre tout comme je présente Bernard de Fontaine qui devint Bernard de Clairvaux, abbé de Cîteaux, et Armand Jean le Bouthillier de Rancé, réformateur de cet ordre et fondateur de la branche dite des Trappistes.  En outre, des commentaires en prose introduisent certains poèmes.

Pour votre information, les titres se défilent comme suit : Source / Monos / Lux / Rénover sa vie / Désert / Cloître / Paix / Silence / Cîteaux / Caritas / Le songe d’un enfant / Blanche lueur de Bernard / Clairvaux / Fondation / Du vingt août / Lectio divina / Jean de Patmos / Agneau / Notre-Dame / Percevoir / Lumen Christi / L’attente / Union / Oxygène / Pierre du chœur / Credo / Enluminure / Louange du pauvre / Bonté / Visitation / Jérusalem / Salve Regina.

Voici deux extraits :

« L’Unique nous rassure

Miroir de l’Aube, ce regard sur le lointain

Miroir de l’Autre, ce regard du prochain

S’écoule le corbeau fusain hors de nos murs. »

 

« Pour Bernard, tel le Verbe l’abbaye dépouillée

Comment peut-on inscrire en soi

L’éclat vibrant d’une telle humilité

Si la nature s’enchaîne à la soie ? »

Je vous laisse dans la quiétude du silence.

Stabat Mater

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J’aime la culture en général et les sentiers qu’elle prend comme les beaux-arts, la littérature et la musique.

Un soir, un ami musicien arriva chez moi avec un CD et m’oblige à m’asseoir pour écouter en silence le Stabat Mater de Pergolesi.  Comme seul commentaire de ma part, il n’y eut que mes larmes, tellement cette œuvre me touchait.  Ensuite, cet ami me lança le défi d’écrire une pièce de théâtre d’après cette œuvre musicale.

En 1995, je décidai d’imaginer une femme, Myriam, en deuil de son fils bien-aimé, assise sur une scène, dans l’attente d’un retour, accompagnée d’une femme tourmentée et d’un homme rêveur.  Transposition moderne de la Vierge Marie, de Marie-Madeleine et de Jean l’Évangéliste.  Chacun se confie, se raconte, tente de comprendre sa propre vie, veut l’appui des autres, se fait l’écho du monde qui souffre…

Les scènes s’intitulent : L’agneau et l’arbre / De sang et d’eau / Les entrailles de la terre / Cendres / Poussière / Les fibres du bois / Berceuse / M’abreuver à la source de tes larmes /  Braises / Le feu renaît / L’aube.

Fait à noter que cette pièce de théâtre fut jouée en 1995-1996 au Québec à quelques reprises dans des églises paroissiales catholiques, dans une prison pour femmes et en une chapelle abbatiale cistercienne.

François sous la lumière d’Assise

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Les écrivains nous amènent parfois sur des territoires où on ne penserait pas se rendre…  Aujourd’hui, je vous transporte, en Italie, plus précisément en Ombrie.

J’ai toujours aimé François et Claire d’Assise, sans aucun à cause du film François et le Chemin du soleil (1972) de Franco Zeffirelli.  De plus, François est très probablement le saint le plus aimé par son ouverture aux autres et son respect de la Création.  On aime d’emblée son aspect hippie et écolo.

Ma pièce de théâtre François d’Assise sous la lumière d’Assise fut écrite vers 1995.  Le titre de l’époque était L’homme de cendres, titre que j’ai laissé tomber le trouvant trop austère.  Le texte a dormi vingt-trois ans dans un tiroir avant d’être remanié et doté d’un nouveau titre.

François d’Assise (1182-1226) vécut à l’époque des Croisades, des courants hérétiques et de l’amour courtois.  Les nobles cherchaient à maintenir leurs privilèges et les bourgeois voulaient s’enrichir, au détriment du peuple.

Dans cette pièce de théâtre, un fils de marchand d’étoffes ne sait quoi faire de sa vie.  Le jour, il vend au marché et négocie pour son père et le soir il fête, chante et danse avec ses amis. Or, un séjour en prison va le secouer, puis la vie le dépouillera peu à peu de sa vanité pour devenir l’homme humble et charitable que nous connaissons.  Il sera à la fois prédicateur des valeurs évangéliques et mystique perdu dans ses méditations.

Parmi ses premiers ‘’disciples’’, on note la présence de Claire d’Assise, noble de naissance, qui embrassera la vie contemplative en toute pauvreté, fondatrice d’un ordre sous la mouvance franciscaine.

Allons, marchons avec François sous la lumière d’Assise…

Les jardins de Mariam

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Ce recueil est paru en 2016 chez Edilivre.

La vie est pleine de surprises pour qui sait ouvrir l’œil et tendre l’oreille.  Un jour, un ami religieux me met en contact avec une carmélite française vivant en Israël.  Après deux courriels brefs plutôt formels, elle me demande si je connais Mariam Baouardy (1846-1878). Je lui réponds par l’affirmative.  Mariam fut la fondatrice du Carmel de Bethléem et du Carmel de Nazareth.

Fait à noter que j’ai visité quelques années plus tôt ces deux monastères et le lieu nommé Emmaüs dont Mariam eut la vision, sans me douter que j’écrirais sur elle et ces endroits.

La moniale française me lance le défi d’écrire sur Mariam qui est de surcroît une stigmatisée.  Vraiment, un challenge de haute voltige pour un auteur.  « Dans quelle galère vais-je m’embarquer ? », me suis-je dit.  D’un naturel curieux et prisant les défis, je me suis mis à l’heure du personnage, soit une humble converse.  J’ai lu une biographie en italien et sa correspondance en français.

À mon tour, par le biais de l’écriture, j’ai voyagé entre le Proche-Orient, la France, l’Inde, de nouveau la France, puis la Palestine.  Les titres en latin sont là pour donner un charme vieillot aux textes comme on le fait avec le sépia en photographie.

Somme toute, les jardins de Mariam sont autant ceux qu’elle fit aménager et auxquels elle travailla que ses dispositions intérieures.

Une fois le recueil terminé, je vis une nuit en rêve une carmélite au teint basané portant couronne d’épines, les bras en croix s’élevant dans le ciel, la tête inclinée, quand soudainement les épines sont devenues une volée de colombes.  La carmélite française m’a confirmé que Mariam est apparue ainsi à certaines consœurs. Mariam avait guidé ma main lors de l’écriture, puis elle me saluait.  Je pense à elle souvent.