Notre petitesse dans l’univers

Baleine

Baleine échouée

Taureau de corrida

Saigné à blanc

Personne au banc

Des accusés

Épave

Rien de trop grave

Retournez à Netflix

Forêt en miniature

Fragment de nature

Le lichen s’agrippe

Encore

À l’écorce, sa monture

Actualités en déconfiture

On prédit une guerre

Le cours de l’or

À la hausse

Les hydrocarbures

Auquel on devra renoncer

Dauphin retourné

À la mer

Celui-là aura échappé

Au massacre

Des militants sur une place

Rappel de notre petitesse

Dans l’univers.

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2019

 

 

Ancrage

Racine

La racine

Enfouie

En majeure partie

Sous terre

S’imagine

N’être rien

Qui vaille

Pourtant, elle abreuve

L’arbre

Le nourrit

Le retient

Au sol

Ancrage végétal

 

La racine

Soutient l’arbre

Et cherche la source

Et les nutriments

Elle ne sait mentir

Et va son chemin

Sinueuse

Noueuse

Fibreuse

Souvent en courbes

Telle une bretelle d’accès.

 

© Photo, texte, Denis Morin, 2019

Une ligne rose

Vit-on à l’ombre de quelqu’un

Comme une fougère

Pousse à l’ombre d’un chêne

Comme les jeunes filles en fleurs

D’un certain Marcel

 

Vit-on dans l’ombre de quelqu’un

Comme des artistes en devenir

Admirent

Respirent

Les chansons

La poésie

Des grands qui ont arpenté les planches

Des théâtres d’ici et d’ailleurs

 

Mène-t-on nos vies en parallèle

Tels les trains de Termini

Qui filent vers les banlieues

Et les autres villes d’Italie

 

Prolonge ta ligne bleue

Tant que tu veux

Fais-toi tatouer

Une ligne rose

Si tu veux

Dis ce que tu veux

Cela ne changera rien ou si peu

Aux déclarations de l’Académie française

À l’usage langagier du badaud

Sur un quai à Berri-UQAM

D’autres messages suivront…

 

© Texte, Denis Morin, 2019

 

 

Et puis après…

Romancier en devenir,

Le poète écrit

Une page par jour

Parfois deux

Quand les mots viennent

Quand le silence englobe

Cocon libérateur

Des pensées de l’auteur

La trame de l’histoire

Dort dans un carnet fleuri

Les grandes lignes sont tracées d’avance

Mais les aléas

Et les coups de gueule

Des personnages qui font maintenant la moue

Et qui provoquent parfois le scribe dans un alinéa

Dans le cahier Clairefontaine

Les gribouillages, les éléments descriptifs

Et les dialogues

Tombent dans le vif

Du sujet

Et puis après…

 

© Texte, Denis Morin, 2019

 

Le crayon bleu de Prusse

J’ai tant écrit

À l’heure

Où on n’attend plus personne

À l’heure

Où ne sonne le téléphone

Les mots se divisent en syllabes,

En sons, puis j’en deviens aphone

Mon crayon bleu de Prusse Staedtler

Trace et griffonne

Comme musique de fond

Des notes de saxophone

Ou encore une gorgée de thé

Qui m’aide à digérer le mutisme

Dans lequel je suis plongé

J’ai tant écrit

À l’heure…

 

© Texte, Denis Morin, 2019

Bossa spleen

Duras aimait déambuler

Sur les plages de Normandie

Moi, je le ferai en écoutant

Moustaki ou Nougaro

Par un jour de bossa spleen

Comment tant d’autres

 

Félix aimait marcher

Sa terre, fragment d’île

Seul, le nez contre le vent

Avant de s’en retourner

Écrire

 

Éclatez-vous sur Instagram

Je termine mon poétique télégramme

Ce soir, j’écouterai Pierre Lapointe

En buvant ma pinte.

 

© Texte, Denis Morin, 2019

Souffleurs de vers

Lorraine me glisse à l’oreille

« Les poètes sont des souffleurs de vers »

Elle demeure toujours à la fine pointe

Je lui concède raison

Sans l’ombre d’un doute

J’ajouterai sans gêne

« Les poètes sont des souffleurs de rêves »

Naviguant entre grèves

Si familières

Et paysages interstellaires

Leur vision du monde

Vaut la joie de l’écoute

Vous qui n’écrivez

Jamais rien

Soyez au rendez-vous

De nos mots les plus doux

De nos mots les plus fous

Ainsi va la poésie.

 

© Texte, Denis Morin, sauf citation de Lorraine Lapointe, 2018

 

 

 

La vie, dans le mouvement

L’écriture se nourrit de temps arraché à la cacophonie de la modernité et de régularité.  Donc, on ne saute pas un jour sans broder quelques lignes, sans confier à l’écran ou au papier un état d’âme, une pensée, un dialogue à intégrer dans un chapitre de roman.

Oui, les états de grâce existent où les muses et les esprits des disparus nous soufflent l’image émouvante et la rime parfaite, mais bien plus souvent qu’autrement il nous faut un brin de fatigue oculaire pour que jaillisse un texte convenable qui saura faire réfléchir ou à tout le moins émouvoir le lecteur en sa chaumière.

Malgré les apparences, je n’ai pas le verbe facile.  Je suis timide.  Je me fais violence, puisqu’écrire m’est nécessaire pour vivre.  Tiens, je vous écris en ce moment dans le silence. Pas de télévision allumée pour distraire le regard, pas de Messenger ouvert, par de musique pour m’éviter le risque de m’envoler sur une mélodie.

Le livre en devenir se forge à coups de phrases prélevées, voire cueillies dans l’air.  Qui de l’imaginaire et de la raison se met au service de l’un ou de l’autre ?  Je ne saurais dire.  Cela importe peu.  Allons de l’avant, la vie étant dans le mouvement, dans le geste, des mots qui défilent et de l’iris qui lit…

À suivre…

 

© Texte, Denis Morin, 2018

Claire d’Assise, hymne au Créateur

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Il est bien étrange comment une histoire d’amitié avec un personnage historique survient dans notre vie.  Sainte Claire d’Assise est fêtée le 12 août.  Or, ma sœur cadette est née en la Sainte-Claire et l’une de mes sœurs aînées possède Claire parmi ses prénoms.  Quant à moi, c’est en lisant sur le Pauvre d’Assise que j’ai vu apparaître Chiara Offreduccio di Favarone (1194-1253).

Dans un premier temps, j’écrivis en 1993 une pièce de théâtre (non publiée) intitulée La dame aux cailloux, tout simplement parce que Claire avait l’habitude de réciter des patenôtres avec des cailloux.  Cette pièce fut jouée une trentaine de fois de Rivière-du-Loup à Ottawa.

Vingt ans plus tard, Claire me revenait à la mémoire.  J’ai alors annoncé aux Clarisses de Valleyfield, en banlieue de Montréal, mon intention de reprendre la marche en poésie en Ombrie.  Elles m’ont soutenu à leur façon par leurs prières.  À mon tour, je me suis mis à genoux intérieurement pour écrire Claire d’Assise, hymne au Créateur.

Fait à noter qu’elle fut la première femme à fonder une communauté religieuse dans l’histoire de la chrétienté.

Les titres des poèmes de ce recueil vont comme suit :

Si temps je perds

Les cailloux

En plein midi

Ostensoir

François

Privilège de pauvreté

Pierre d’assise

Ma sœur la lune

Les cinq Plaies

Une truite du Topino

Ma sœur l’eau

Si cela chante à Dieu

La fuite des mercenaires

La bénédiction du pain

Le cep et la paille

Le plus beau des mariages

Il chiostro (le cloître)

Nativité

Bientôt, je m’en irai

À vous, mes sœurs.

Pour clore ce temps de parloir, Claire me permet de vous livrer un extrait de Ma sœur, l’eau :

« Ma sœur l’eau,

Baptise ou frisonne sous le vent

Devient parfois neige, glace ou vapeur

Transforme le jeûne en banquet

Car elle reflète la lumière du Ciel. »

 

© texte et photo, Denis Morin, 2018

 

Je suis un artisan

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Je travaille à la manière des artisans, en faisant preuve de patience, de résilience et de foi en mon talent.  Si je n’y crois pas moi-même, qui me suivra ?  Je mise sur la durée, les heures passées à lire, à me documenter, à réfléchir et à enchaîner les mots les uns aux autres pour donner sens à ma vie.  Je ne serai jamais la saveur du jour, je le sais, mais on parlera de moi demain, de mes recueils de poésie biographique sur Camille Claudel, Auguste Rodin, Barbara, Félix Leclerc et bien d’autres.  Je ne souhaite aucunement être une étoile filante qui tombera aux oubliettes.  J’écris parce que je ne sais rien faire de mieux.  J’écris aussi pour partager.  Par conséquent, le moment de la lecture devient communion entre l’auteur et son lecteur.

©  photo et texte, Denis Morin, 2018

Projet Genèses

Vous le saviez peut-être que j’aime autant l’histoire que les arts.  L’histoire de l’art me semble le mariage parfait entre mes pôles d’intérêt.  Les peintres et les sculpteurs sont situés dans leur époque, impliqués dans un courant ou à contre-courant des modes et des écoles.

En outre, il me plaît d’écrire la vie des autres.  Ainsi, j’ai écrit sur Camille Claudel, Auguste Rodin, Amedeo Modigliani.  Je m’intéresse aux artistes du passé, mais aussi à mes contemporains.

Je vous invite donc à découvrir le projet audio Genèses où je parlerai de poésie biographique et où vous pourrez découvrir des artistes, tout en me posant vos questions auxquelles je me ferai une joie de répondre.

Pour vous inscrire gratuitement, veuillez vous rendre sur le lien ci-dessous

http://www.adret-webart.fr/geneses.php

Au plaisir d’échanger.  À suivre.

Avez-vous un rituel d’écriture ?

En règle générale, je m’installe à mon secrétaire avec un théière à proximité et j’insère un CD de musique. Cela peut être un CD de Piaf, de Barbara ou Windigo d’Alexandre Désilets. Je ferme momentanément mes sessions sur les réseaux sociaux, question d’être concentré.  Je consulte mon plan d’écriture et je me lance…  J’ai besoin d’une plage-horaire de deux à trois heures pour me sentir satisfait quand j’écris dans mon scriptorium.

Je possède un autre rituel d’écriture, je glisse un carnet dans ma serviette. Ainsi, lors de mes déplacements en train, j’en profite pour y déposer des poèmes ou des segments de prose. J’ai pu écrire ainsi mes recueils de poésie sur Barbara en totalité et en partie mes recueils sur Félix Leclerc et Modigliani.  Le rythme du train qui file vers le Lac Deux-Montagnes me permet de plonger en moi, malgré les passagers qui cherchent à lire par-dessus mon épaule.  Le lendemain soir, je sors à nouveau le carnet marron.

Il m’est arrivé d’observer une romancière qui sort matin et soir son ordinateur pour faire évoluer ses personnages.  Le transport en commun devenant pour elle aussi un café ambulant.

Quel est votre rituel d’écriture ?