On comble une absence par d’autres présences qui font plaisir, qui rendent ivre momentanément.
On en arrive à comprendre sa propre vie en lisant celles des autres, personnages réels et fictifs. Il n’y a rien de définitif en écriture, si ce n’est le point final, mettant fin au dernier chapitre d’un roman, au dernier vers d’un recueil, à la dernière réplique qui sera rendue par un comédien sur scène.
On comble une absence en tachant sa main d’encre, en levant l’ancre dans sa tête pour s’autoriser l’alignement des phrases sur page et écran, pour gommer le blanc, pour y tracer des mots qui font sens tant pour soi que pour d’autres yeux.
Il va de soi que la roue est inventée et que le bouton orne encore la chemise et la tige florale sur le point d’éclore. Écrire, c’est justement de se donner le droit d’éclore à notre tour, sans détours ni trop de manières. Par les mots, comblons les absents, réjouissons-nous des présents.
© Texte, Denis Morin, 2019