Les soldats anglais
Et les mercenaires
Défilèrent
Le regard fier
Devant le Manoir du seigneur Globensky
Avant ou après les patriotes
Faudrait bien que les historiens
S’entendent
Sur le cours de l’histoire
Il y eut
Vous devez vous en douter
Un vainqueur et des perdants
Des fermes brûlées
Des femmes violées
Des enfants morts gelés
En robe de nuit
Dans la neige de décembre
Il y eut
Des pendus
Des corps d’hommes dans la force
De l’âge
Éventrés à la baïonnette
On a tout vu
À partir des colonnes blanches
Il y eut
Des blessés
Des visages défigurés
Le sang des vaincus
A nourri la terre
Dans toute la région
Il m’arrive parfois
Lors de mes marches
Près du cimetière
De ressentir
Le pas cadencé
Des soldats anglais
Sous leur uniforme
D’un rouge éclatant
D’entendre
Les pleurs des enfants
Les cris des femmes
Face à la tragédie
»Ne tuez pas mon mari »
Le piaffement des chevaux
Le claquement du fouet
Le tonnerre des canons
Contre l’église de pierre
À trois, le régisseur
Dira
»Coupez ! »
© Photos, texte, Denis Morin, 2019