Écrin de silence

Se cassent les branches

et s’effritent les feuilles desséchées

sous ma semelle

se fracture l’écorce

des feuillus morts

sous mes doigts rugueux

les gants de travail oubliés

j’aime trop sentir

la fibre contre mon épiderme

pourtant, ne se décollent

jamais la mousse et le lichen

des méandres des troncs

des cèdres et des sapins

une maison se vend

rive nord délaissée

pour grande ville

en alternance avec campagne

un chevreuil évité de justesse

au détour serré du lac

vivants sommes-nous encore

tu révises les dernières pages

de notre roman

écriture à quatre mains

qui souffle quoi à l’un et à l’autre

égarement de l’esprit

alors que mes bras se chargent

du bois pour les froids à venir

parcelle de forêt saura bien

nous garder

dans son écrin de silence.

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